Reo ma'ohi: l'excellence s'apprend à l'école du dimanche

"Avec le peu de temps que l'on a avec eux, on arrive à leur donner le Ha'api'ira'a en langue maohi".explique une enseignante.
C'est une tradition depuis plusieurs années en Polynésie. Tous les dimanches matin, les paroisses protestantes enseignent à leurs adeptes la bible en reo tahiti. Durant 1H30, les éducateurs présentent les versets religieux en langue tahitienne aux jeunes comme aux adultes. Une façon de limiter la perte de l'usage de la langue.

Apprendre la parole de Dieu par la langue  tahitienne. A l’école du dimanche, l’occasion est trop belle. Dans cette paroisse protestante de Faa'a, on tente de motiver jeunes et moins jeunes. "De plus en plus en plus notre langue à tendance à disparaître".

Parler notre langue, c'est notre culture, et sans notre langue, il ne peut pas y avoir de culture

Rehiatua, inscrite à l'école du dimanche

"Cela nous fait peur, car de base quand même, on est tahitiens." admet Rehiatua, inscrite à l'école du dimanche. "C'est pour parler à ma famille" renchérit la jeune Kauana. "Comme ils parlent en tahitien, j'ai envie de parler avec eux en reo maohi. Mais c'est difficile d'apprendre notre langue et surtout de prononcer les mots compliqués".

Les ateliers où les enseignants apprennent à placer des mots dans une phrase de façon ludique sont trés appréciés des élèves.

1H30 de reo tahiti chaque dimanche sur 3 heures de cours

Ici, tous les dimanche matin, on fait d’une pierre deux coups. L’espace d’une heure et demie, on enseigne la bible tout en perpétuant l’usage d’une langue en perte de vitesse. "C'est un peu difficile, ils ont du mal à accrocher" avoue Nicole Teururai, diacre et éducatrice à l'école du dimanche. "A l'école ils parlent français, à la maison ils parlent français. Donc on essaye, même si l'objectif premier de l'école du dimanche reste l'apprentissage de la parole de Dieu, de leur inculquer des rudiments de tahitien".

"Parler notre langue, c'est notre culture, et sans notre langue, il ne peut pas y avoir de culture"

" Cela marche. Oui, si on persévère" affirme Angélina Aiamu, éducatrice à l'école du dimanche. "On essaye de jongler entre la langue française et tahitienne, mais davantage en tahitien car à l'école l'enseignement du français domine. Avec le peu de temps que l'on a avec eux, on arrive à leur donner le Ha'api'ira'a en langue maohi".

Les méthodes d'apprentissage restent les mêmes qu'en milieu scolaire. A commencer par le tableau noir.

Au-delà de la langue, c’est tout un mode de vie qui s’enseignait à l’époque au sein des communautés religieuses.

Alors à la question "la honte, la gène de parler sa langue, vous l'expliquez comment ?";  Mirose Paia, professeur de langue polynésienne à l'Université de Polynésie Française répond "il y a plusieurs facteurs identitaires, en tant que personne qui veut parler sa propre langue"

On est valorisé que lorsque c'est par la société. Et ce n'est pas vraiment le cas ,en tant que personne qui veut perpétuer son identité

Mirose Paia, professeur de langue polynésienne à l'UPF

Ici, au temple Paofai, une trentaine de jeunes écoutent religieusement l'école du dimanche en tahitien, soit une heure d'enseignement sur les trois proposées au total.

Véhiculer la langue natale chère aux polynésiens. Malgré les obstacles de la modernisation, l’école du dimanche poursuit inlassablement sa mission.