D’un côté une nature luxuriante, de l’autre un tas de béton. Tu Tuitete habite ici. Il a vécu les inondations catastrophiques de 2017. Mais doit-on pour autant transformer la rivière en caniveau ? Il en doute : “Non seulement les bords de la rivière sont bétonnés, le lit de la rivière est réduit, mais également, le fond de la rivière est bétonné. On s’étonne vraiment, notre rivière commence à ressembler à un grand grand caniveau. (...)”
Pas très esthétique ni écologique, mais nécessaires pour prévenir les crues redoutables de la rivière de Nahoata en cas de fortes pluies… Les travaux ont démarré en 2019. Mais depuis le début de l’année, ils prennent une ampleur inquiétante. “On s’inquiète pour la faune, les puhi qu’il y a dans la rivière, on me dit que certains puhi ont été évacués sur Fautaua mais c’est impossible d'évacuer tous les puhi… Il faudrait protéger cette faune : les puhi, les poissons et les crevettes”, ajoute Tu Tuitete.
La mairie joue la sécurité
En 2019, les populations d’anguilles ont effectivement été déplacées dans la rivière de Fautaua, rappelle Abel Temarii, 1er adjoint au maire de Pirae. Pour lui, la sécurité de la population passe avant tout. “Il faut faire un choix. Tu ne peux tout avoir dans la vie. Le choix : est-ce que la couleur est importante par rapport à la vie des gens ? Moi je parle de la vie des gens. Non. Moi je choisirais de sauver des vies...Si Joinville s’est levé, c'est que quelque part, il est originaire de Pirae, comme moi, la Nahoata on a tous vécu avec, on a été à la pêche dedans. Il a raison de signaler ça. Mais toujours est-il que le choix d'un maire n'est pas extensible. Donc la sécurité des populations est la première des responsabilités d’un maire”, précise cet adjoint au maire.
Le coût du bétonnage de la rivière est estimé à 730 millions cfp, financés par le Pays, permettrait de faire des économies en construisant une protection pérenne.