Mathieu a 32 ans. Il participe aux ateliers du centre Rima here de Faa'a, comme la centaine d’usagers atteints de déficience mentale. "En réalité, j'étais à l'hôpital psychiatrique, confie-t-il. Mes parents ne veulent plus de moi chez eux. Ils m'ont dit de me débrouiller. [...] Et je suis heureux ici, il faut pouvoir se construire."
Ici, ces personnes trouvent bienveillance et apprentissage auprès des 9 moniteurs éducateurs. Avec le talentueux chef-cuisinier, ils contribuent aux repas du centre. "Heureux de leur donner des compétences et de leur apprendre à faire la cuisine pour qu'ils puissent se débrouiller et ainsi trouver un travail, s'enthousiasme Philippe Baudet, moniteur responsable de l'atelier cuisine. Le but, c'est de les éduquer, de les former, pour qu'ils puissent sortir de Rima Here."
L’atelier artisanat est aujourd’hui axé sur la broderie. Les adultes sont les bienvenus, comme Rose, 45 ans, originaire des Gambier : "J'ai eu un passé difficile et je suis venue ici pour déjà, apprendre à me connaître, à maîtriser des choses qui sont dans ma tête, maîtriser toute cette colère."
"Chaque activité leur procure un bien-être, explique Heilani Mara, monitrice responsable de l'atelier artisanat. Que ce soit sur la concentration, l'estime de soi, le partage..."
Le centre mise sur une réinsertion sociale, plus que professionnelle : fa'apu, horticulture agriculture…tout est fait pour que ces personnes souvent rejetées par leur famille se sentent bien. Un véritable refuge car les préjugés ont la dent dure. "Le problème du handicap mental, c'est qu'il est invisible, résume Tessy Hiro, directrice du centre Rima Here. Souvent, ce n'est pas évident, parce qu'ils ne comprennent pas, il peut y avoir de la maltraitance au sein des familles, mais aussi de la société parce qu'ils ne comprennent pas. L'idée, c'est d'accepter et de dire qu'il y a moyen d'apprendre."
Comprendre un phénomène qui prend de l’ampleur en Polynésie, c’est tout l’enjeu de la semaine de la santé mentale.