Pour sortir ce rapport, plus de 2500 hommes et femmes ont été interrogés sur leur perception du sexisme et sur les situations vécues par les femmes.
On croyait le sexisme ordinaire en recul dans la rue, les transports en commun, à l'école, à l'université, à la maison et au travail. C'est tout le contraire.
Les conservatismes se sont renforcés voire crispés.
Jeunes générations : phénomène aggravé
Pire encore: le phénomène s'est aggravé dans les jeunes générations.
Quelques chiffres qui heurtent.
- 23% des jeunes hommes de 25-34 ans estiment qu'il faut parfois être violent avec sa compagne pour se faire respecter contre 11% de la population masculine totale.
- 20% de cette tranche d'âge pense que pour être aussi respecté, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis contre 8% en moyenne de la gente masculine..
- 5 jeunes hommes sur 10 de 25-34 ans considèrent que l'image des femmes véhiculée par les contenus pornographiques n'est pas un problème. C'est même bénin. Contre 8 sur 10 chez leurs aînés de plus de 65 ans.
- Plus problématique encore : 12% ne voient pas en quoi gifler sa compagne est un problème.
- Plus grave : 16% estiment que les femmes agressées sexuellement sont en partie responsables de leur situation.
Comment expliquer cette triste réalité ?
Dans son rapport, le Haut conseil à l'égalité entre hommes et femmes donne son analyse : tant qu'on n'a pas agi à la source contre ce sexisme primaire, on ne pourra pas espérer solutionner les violences faites aux femmes.
Le Haut conseil aligne donc une série de recommandations aux pouvoirs publics.
Les jeunes générations sont "biberonnés" à internet et aux réseaux sociaux. Beaucoup de fake news mais pas seulement.
Le porno par exemple est facile d'accès. Il suffit de cliquer " J'ai plus de 18 ans" pour voir des vidéos dégradantes pour les femmes, et violentes.
Réguler internet
Il faut donc pour le Haut conseil, réguler internet et les réseaux sociaux comme cela a été fait pour l'audiovisuel. L'ARCOM, l'autorité nationale de régulation de l'audiovisuel et du numérique, doit jouer son rôle jusqu'au bout.
- il faut aussi développer via des personnels spécialisés, l'éducation à la sexualité et à l'égalité à l'école. De la primaire à la terminale.
- Evaluer annuellement la place des femmes dans les manuels scolaires.
- Augmenter les moyens financiers et humains de la justice, de la police et de la gendarmerie pour former en plus grand nombre, magistrats et forces de l'ordre.
- Interdire comme l'a fait l'Espagne, la publicité pour les jouets genrés.
- Ou encore institutionnaliser le 25 janvier comme journée nationale de lutte contre le sexisme avec à la clé des programmes de sensibilisation.
Malgré la persistance et la montée en puissance des clichés sexistes, les attentes de la population sont sans équivoque : seulement un quart des hommes et femmes interrogés estime efficace l'action des pouvoirs publics.
Le rapport du Haut conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes constate aussi que les femmes ne représentent que 36% du temps de parole dans les médias. L'une des solutions pour le Haut conseil, c'est de conditionner les aides publiques à des engagements pour l'égalité.
Ecoutez le reportage de Marie-Christine Depaepe :