Aiata Tarahu : La fête a continué jusqu'à Paris pour Kauli Vaast, il y avait énormément de monde. Quand vous voyez ces images, est-ce que vous vous dites que l'objectif a été atteint ?
Barbara Martins-Nio : "100% atteint ! C'est fabuleux. On avait tous ces enjeux opérationnels, de communication, de mobilisation. Et puis, c'est la magie du sport, ça efface deux ans parfois un peu compliqués, cela n'a pas été un long fleuve tranquille. La victoire de Kauli et celle de Johanne, le rayonnement de la Polynésie à l'international... Tout cela nous a remplis de joie et ça justifie ces deux années de travail acharné pour l'ensemble des équipes de salariés Paris 2024, l'ensemble des volontaires et des partenaires qui nous ont accompagnés".
Aiata Tarahu : C'était peut-être un peu le point noir de ces JO, le contrôle un peu trop excessif, en tout cas c'est ce que considéraient certains habitants, est-ce que c'était vraiment nécessaire ?
Barbara Martins-Nio : "Il faut remettre dans le contexte. On avait plus de 1000 accréditations, 600 personnes jour sur la Fan Zone, et la commune avait distribué plus de 3000 laissez-passer. Cela veut dire qu'on était potentiellement face à une surpopulation sur Teahupoo. Comme pour le relais de la flamme, les Polynésiens ont été extrêmement bienveillants, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas sursollicité les dispositifs. Ce qui a fait que dès le premier soir, le 27 juillet, en accord avec le Haut-commissariat et le Pays, tous les dispositifs ont été allégés. On a rapproché le point de filtrage qui était initialement au niveau de la mairie de Teahupoo, pour le ramener au parking Saint-Benoit, on a laissé rentrer des gens dans la zone qui n'avaient pas de billets et on distribuait des billets directement sur le site du PK0. Donc, en fait, ne sachant pas à quoi s'attendre, on avait pris des "précautions". Chaque jour était un nouveau dispositif, tous les soirs on débriefait, on adaptait le dispositif en allégeant et en ouvrant plus, et cela a fini avec l'ouverture de toute la Fan Zone du PK0 qui a pu accéder à la remise de médaille."
Aiata Tarahu : Chez certains habitants, commerçants ou acteurs économiques, il y a une certaine déception puisqu'ils estiment ne pas avoir bénéficié des retombées économiques annoncées. Est-ce que finalement, l'évènement n'a pas été surévalué ?
Barbara Martins-Nio : "Pas de retombées économiques annoncées, je doute un petit peu. Aujourd'hui, on l'avait dit, on a énormément investi dans les hébergements sur Teahupoo, Vairao et Toahotu avec plus de 100 millions de Fcfp investis directement chez les habitants. On a également investi plus de 70 millions de Fcfp sur tout ce qui était locations de bateaux et jet-skis directement chez les habitants. Et puis, on a plus de 900 millions de Fcfp aujourd'hui de retombées économiques au niveau des entreprises polynésiennes qui ont remporté nos appels d'offres. Sans parler évidemment des salaires puisqu'on est monté jusqu'à 70 salariés pendant l'évènement. Donc les retombées, je pense qu'elles ont été tangibles. La seule chose effectivement est que sur les deux premiers jours, ces ajustements ont été ressentis comme de grosses injustices mais je peux vous dire que sur les jours qui ont suivi, et parce que nos équipes allaient régulièrement voir les forains, tout s'est bien très bien passé. On s'est adapté vite mais il y a eu cette sensation sur le premier jour et deuxième jour de ne pas avoir suffisamment de monde, ce qui a été largement compensé par la suite".
Aiata Tarahu : La tour des juges avait aussi créé quelques tensions lorsqu'elle a été annoncée, elle a coûté très cher aussi, 800 millions de Fcfp. Aujourd'hui, que va-t-elle devenir ?
Barbara Martins-Nio : "Elle doit être démontée et doit servir normalement pour la prochaine Tahiti Pro sur lequel le Pays et la WSL sont aujourd'hui en discussion. Je pense que la Polynésie a montré au monde entier sa capacité à organiser de très très grands évènements et des évènements extrêmement complexes. J'espère qu'elle resservira pour d'autres compétitions qui mettront à la fois en valeur le surf et la Polynésie."
Aiata Tarahu : Est-ce que vous pouvez nous affirmer que Paris 2024 laisse également un héritage durable ?
Barbara Martins-Nio : "Paris 2024 laisse un héritage durable à travers le Pays et tout ce qui est travaux pérennes : il y a quand même cet héritage de la marina de Teahupoo qui a été rénovée, de la passerelle piétonne, de la fibre qui est arrivée jusqu'au domaine Rose, de la potabilité de l'eau... Tout ça, ce sont des choses concrètes et tangibles qui améliorent la qualité de vie des riverains. On a aussi un héritage qu'on appelle seconde vie c'est-à-dire que tous les actifs et tout ce qu'on a acheté à la fois sur le territoire et en dehors du territoire, on le remet sur le marché sous forme de dons notamment. On a lancé un appel à projet au mois de juin, il a été remporté par sept fédérations, communes et associations, avec à chaque fois un projet et un objectif. La fédération tahitienne de surf par exemple qui voulait accroître le nombre de ses évènements et rénover son matériel, va être dotée de tous les équipements sportifs de Paris 2024 ainsi que beaucoup de mobiliers, de bureaux, etc. C'est quasi 14 millions de Fcfp qui sont donnés à la fédération tahitienne (...) Tout ça se décline aussi pour la commune de Teahupoo, Taiarapu Ouest, Teva i Uta, ça va aussi aux associations.".