La Polynésie détient l'un des taux d'obésité parmi les plus élevés au monde

L'obésité, un fléau en Polynésie française, qui peut engendrer d'autres problèmes de santé comme le diabète, l'hypertension, les maladies du coeur et le cancer.
Chaque année, le 4 mars est consacré à la journée mondiale de l'obésité. Avec plus de 70% des adultes en surpoids, plus particulièrement chez les moins de 45 ans, la Polynésie française détient un record inquiétant: c'est l'un des taux d’obésité parmi les plus élevés au monde. Pour le Pays, il s’agit ici d’un problème de santé publique et même d'un fléau, car les conséquences peuvent devenir rapidement catastrophiques avec un terrain favorable au développement du diabète, de l'hypertension ou de maladies cardiovasculaires.

Près d'un adulte sur deux est obèse en Polynésie française. Un chiffre alarmant que nous rappelle cette journée mondiale de l'obésité. Une vraie problématique de santé publique au Fenua, qui manque de structures pour sa prise en charge. L'un des seuls qui existe est celui de Pirae, le centre de soin de réadaptation spécialisé Ora Ora.

Quand John Sommer a commencé sa prise en charge dans ce centre, il pesait 244 kilos. Aujourd’hui, il en fait 233. Une victoire après une fracture du genou à cause de son obésité. Mais la route est encore longue, il témoigne: "déjà pour se déplacer c'est compliqué. Un truc tout bête, pour aller faire les courses, je suis obligé de rester dans la voiture, ma femme fait les courses et elle revient. Je ne peux même plus faire quelques mètres que ça me fatigue. Je ne peux plus faire les choses de la vie normalement."

Comme lui, 204 patients sont suivis, par l'établissement, pour obésité. Un accompagnement global qui va de la cuisine à l’activité physique, en passant par la confiance en soi, la dépendance ou la gestion du stress. Dans un des ateliers par exemple, on montre comment gérer son corps en surpoids dans les mouvements de tous les jours. Mootuavahine Hiriga y a participé et cela va lui changer la vie au quotidien : "Je viens d'apprendre une technique pendant ce cours, et ça m'a vraiment aidé, parce que j'ai un souci pour me lever ou pour me positionner pour dormir. Donc je vais la mettre en pratique parce que ça m'a fait du bien de me lever sans avoir mal du tout, c'est le top."

Une fois le quotidien géré, les patients peuvent passer à l’étape suivante, comme l'explique Tim Evrard, enseignant APA (en activité physique adaptée) : 

"C'est un peu la même histoire pour tout le monde, il faut essayer de déconstruire ce qui a été construit, pour apprendre des choses qui sont saines. Quand je dis mauvaises choses, ce n'est pas forcément lié au mode de vie, ça peut aussi  être lié à la motivation, et la mise en échec principalement, que ça soit au niveau du sport, de la diététique ou du reste, c'est cela qui va être compliqué avec nos patients."

Ces bases posées, reste le principal défi : l’autonomie. Marona Kong Fou souligne que "c'est là où c'est dur, parce que c'est là où on doit gérer tout seul, pendant deux semaines. On a plus personne à côté, il n'y a plus de coachs, il n'y a plus de diététiciens, on est obligé de gérer. Et c'est là où justement on voit si on a pu assimiler tout ce qu'on a appris au centre."

Alors que plus de 75 % des Polynésiens sont en surpoids ou obèses, ce centre est le seul du genre au Fenua. 80 patients sont actuellement sur liste d’attente.