"Te Fare Iamanaha" est encore aujourd’hui plus qu’hier le fer de lance de la souveraineté culturelle de la Polynésie française.
La création du musée de Tahiti et des îles en 1977 est liée à l’évolution statutaire du Pays. Autrefois rattaché à l’administration des musées nationaux, le musée de la Pointe des pêcheurs est depuis 2004 comme tous les établissements et services culturels polynésiens, pleinement géré par le Pays.
Le mot musée n’existe pas en tahitien. "Te Fare Manaha" est inspiré du lieu sacré sur le marae où l’on conservait les effigies des dieux.
Le "Ia" aujourd’hui rajouté à Te Fare Manaha renforce l’identité autochtone du musée, la grandeur de cette maison pour tous les Polynésiens et le patrimoine qu’il renferme.
"Te Fare IaManaha" c’est d’ailleurs le nom tahitien choisi au départ par le fare vana’a, l’académie tahitienne.
Quels changements dés ce samedi le public va trouver sur place ?
Vu de l’extérieur, le nouvel espace d’accueil du musée est résolument polynésien : un fare haupape implanté sur un paepae avec 3 rangées de poteaux incrustés dans le sol et un grand mur basaltique.
L’intérieur est lui, résolument contemporain.
Entièrement rénovée aussi, la salle de conférences fermée depuis 20 ans. Elle pourra à nouveau servir de salle de spectacles et de projections et recevoir jusqu’à 150 visiteurs et scolaires.
Enfin le clou du renouveau culturel du musée, c’est bien sa salle d’exposition permanente, sa nouvelle scénographie, son nouveau parcours de médiation à l’aide d’audioguides en tahitien, en français et en anglais.
La salle d’exposition permanente a été rehaussée de 5 m pour faire face aux aléas climatiques.
Libérée de ses cloisons et de ses vitrines hier figées et aujourd’hui plus flexibles, elle est plus grande : 1400 m2 au lieu de 900.
Un décloisonnement qui permet aux œuvres de se parler entre elles et aux visiteurs de s’en faire l’écho.
Ainsi aux côtés des 600 pièces exhumées des réserves et restaurées sont exposées une vingtaine d’œuvres polynésiennes uniques prêtées par des musées européens de renom comme le maro’ura d’Anaa, la ceinture de plumes des grands Arii, le Ti’i A’a de Rurutu ou encore le Heiva Tupapa’e, le costume de deuilleur de la Société.
Architecture traditionnelle et moderne apportent au lieu une sensation d’intimité sans pareil.
Déjà équipé de panneaux photovoltaiques depuis 2017, "Te Fare IaManaha" est aujourd’hui aux normes muséales internationales en matière d’isolation, d’hygrométrie, de climatisation, d’éclairage, de télésurveillance pour accueillir des œuvres en toute sécurité.
Le magnifique environnement paysager du musée tout comme son parcours ethnobotanique n’ont pas échappé au changement. Ils ont aussi été repensés.
"Te Fare IaManaha" est prêt à affirmer -plus encore qu’hier- sa volonté de rayonner dans le Pacifique et au-delà du triangle polynésien, à l’international.
Pour l’occasion, "Te Fare IaManaha" a aussi changé de logo.
Le chantier du musée a été financé par le Pays et l’Etat dans le cadre du contrat de projets 2015-2020 pour un montant avoisinant les 900 millions cfp. Des discussions sont déjà en cours avec le musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris pour accueillir des pièces de l’archipel des Gambier.
Pour la 1ère année de son ouverture, le musée sera gratuit pour les associations culturelles et artisanales. Toujours gratuit pour les scolaires et les moins de 18 ans.
Le reportage de Marie-Christine Depaepe :