Cette journée du 15 décembre a commencé par un loupé...Malgré les conseils avisés d’un expert des lieux, Moana David, qui travaille avec la WSL depuis 20 ans, le test de repérage effectué avec un premier petit bateau, avec, à son bord, le bureau d'étude et des membres du gouvernement notamment, ne s’est pas déroulé comme prévu : du corail a cassé. Une scène filmée par certains surfeurs de Teahupoo : "une patate d'un bon mètre carré", décrit Tahurai Henry, bodyboardeur. Le surfeur Lorenzo Avvenenti ne décolère pas : "avec une barge plus large, un plus gros moteur et chargée, on imagine déjà les dégâts que ça va faire..."
"Petite erreur de conduite, minimise Moana David. Je voudrais ajouter quand même que des personnes mal intentionnées sont venues couper les bouées, c'est-à-dire mettre les embarcations en danger." Allusion aux balises posées ces deux derniers jours et dont une portion a été décrochée.
La suite se passe mieux. Deux essais sont effectués. Cette fois, avec les barges destinées aux travaux. Toutes les précautions sont prises. Le chenal emprunté est différent de celui utilisé habituellement. "On est passé vraiment à l'aise. Le premier passage, on est passé en marche arrière parce que le pilote du bateau était plus sûr de cette manière-là, explique Pascal Luciani, qui supervise le balisage avec Moana David. Dès qu'il y a un peu de marée, le passage est plus facile. [...] S'il y a trop de vagues, que ça bouge trop, les travaux seront arrêtés et ils reprendront quand ce sera calme. [...] Là, on ne prend pas la troisième barge, car le vent s'est levé, cette barge est assez longue, ça pouvait être assez délicat, on préfère ne pas prendre de risque. On a démontré avec les deux autres barges que ça marche."
Les travaux doivent débuter lundi 18 décembre.
"Ils ont choisi le jour où la météo est la plus convenable, avec une barge vide, à marée haute, sans vent, ironise le surfeur Lorenzo Avvenenti. Ils ont bien choisi leur jour. Ils ont testé deux barges sur trois. C'est très inquiétant."
La tension est palpable, la situation compliquée…Le ton monte. "Vendu" lance Lorenzo Avvenenti à Moana David. "Vos actes auront des conséquences."
Mais le dialogue n’est pas rompu, en tout cas pas du côté du gouvernement. "Le mouvement qui a eu lieu fait surtout trembler l'international, plus que le local, mais c'est bénéfique. Grâce à cela, le projet a été revu considérablement, veut tempérer Nahema Temarii, ministre de la jeunesse et des sports. Le gouvernement veut continuer le dialogue. Ce qui me dérange, c'est l'irrespect, ce qui vient de se passer à l'instant."
Un troisième test devait avoir lieu. Mais les conditions ont changé et ne sont plus optimales. Aucun risque n’est pris, il est reporté à plus tard.
Le beach break a disparu
Par ailleurs, le compte "Save Teahupoo" s'émeut de la disparition du beach break de Teahupoo, la plage de sable noir, de l'autre côté de la passerelle piétonne, où les enfants avaient l'habitude de surfer. Sur les photos, on y voit une pelleteuse retirer le sable.
"Ils construisent leur nouveau pont trop près de la plage. Maintenant, ils sont en train de remblayer et de tuer ce beach break où les enfants de Teahupoo surfaient tous les jours," peut-on lire.