"J'ai une morphologie très différente des autres, résume Natihere Dézerville, collégienne de 14 ans. C'est sûr que ce n'est pas facile. Déjà, depuis la naissance..."
Née en 2009, Natihere a déjà subi 22 opérations, dont 16 sur les jambes rien qu’en 2020. A seulement 3 ans, elle passe au bloc opératoire pour sa toute première chirurgie, "parce que mes pieds, au lieu d’être droits, ils étaient tournés vers l'intérieur. Ce qui a fait qu’on devait les mettre droits.»
L'arthrogrypose est une maladie qui touche les articulations et les muscles, entraînant des raideurs ou des malformations. Les traitements ne visent pas à guérir la maladie, mais ils permettent de donner une meilleure activité articulaire au patient.
Aujourd’hui élève au collège Louise Tehea Carlson de Papeete, Natihere déjeune à la cantine, située au lycée Paul Gauguin. Un véritable parcours du combattant au quotidien : "Il y a beaucoup de graviers et le fait qu’il y ait beaucoup de graviers, comme j’ai pas forcément un fauteuil adapté à ça, je peux forcément tomber en avant. Et que je peux me cogner la tête. Du coup, c’est dangereux pour moi et j’ai peur. »
Natihere peut compter sur le soutien de sa jumelle, scolarisée dans le même collège. Mais après l’école, difficile pour elle de partager des moments avec ses camarades et sa soeur. « Par exemple, il y a des moments où elle ne peut pas aller en ville, parce qu'il y a des escaliers, il n'y a pas d’ascenseur, explique sa soeur, Tumai-te-arii. Et du coup, j’aimerais aussi que la ville, le Président surtout, puisse faire des travaux, pour aider les personnes handicapées à être comme nous, à aller où ils veulent. »
Tiare Trompette, la maman des jumelles et marraine du Téléthon en Polynésie cette année, a dû se battre pour obtenir un ascenseur dans le collège de ses filles. « On s’interroge un peu sur la suite à venir, c’est-à-dire bientôt 18 ans, la majorité...qu’est-ce qu’elles vont faire de leur vie plus tard ? Avec le papa, on est déjà en train de se poser la question. Pour la maison, il n'y aura peut-être qu’une clôture qui va séparer les deux ou une maison commune. Enfin voilà, des questions de vie qu’on se pose nous, parents... »
Avant sa majorité, Natihere a encore un long chemin médical à parcourir. En mai 2024, elle repart en France pour une toute nouvelle chirurgie sur la colonne vertébrale.