Les coups ont laissé des traces sur le visage, le cou et les bras d'Aporina. Mercredi, pendant un trajet entre le lycée de Taravao et Tiarei, la conductrice demande à une de ses passagères, une lycéenne, d'arrêter de fumer à l'intérieur du bus. La jeune fille n'apprécie pas, lui tient tête et en vient aux mains.
"Elle m’a insultée, elle m’a dit "titoi !" Et je lui ai dit : tu vas dire "titoi" à ta mère. Et là, elle est remontée. Je n’ai pas pensé que ça allait dégénérer… Je l’ai repoussé… Je me suis protégée, raconte cette chauffeur, encore sous le choc de cette altercation, Heureusement que mon fils était là, c’est bien les caméras, mais les coups de poing, de pieds… Qui te défend ? Personne. Et le pire quand tu te défends : tu es fautif parce que ce sont des enfants".
Sur certains trajets, des convoyeurs sont présents
Se faire agresser en faisant son travail, c’est un risque du métier de chauffeur de bus. En particulier, lorsqu'il s'agit de femmes. Sur certains secteurs, les conducteurs sont accompagnés d’un convoyeur, comme c’est le cas à Afaahiti, aujourd’hui. C’est rassurant, mais cela n’arrive qu’avec les enfants en bas âges et en fonction des secteurs desservis.
Aporina appréhende davantage la réaction des adolescents. "Essayez de respecter. Patientez, allez chez vous devant vos parents... Si tu ne dis rien, les 41 personnes peuvent faire la même chose tu vois !", confie Aporine qui, à 52 ans, a du mal à envisager de changer de métier. En Métropole, près de 900 chauffeurs de bus ont porté plainte pour agression en 2022.