Au lendemain du premier tour de ces Territoriales, les indépendantistes voient évidemment la vie en bleu puisqu'ils sont en tête avec près de 35 % des voix.
Derrière eux, le Tapura qui voit rouge après l'éparpillement des partis autonomistes. Son mot d'ordre : "Il faut absolument barrer la route aux indépendantistes !" Ce sont les mots du président Edouard Fritch ce matin sur notre antenne radio. Le leader du Tapura en appelle à un rapprochement des autonomistes pour ne pas voir la Polynésie basculer vers l’indépendance. Pour cela, Edouard Fritch est prêt à tendre la main à tout le monde et même à Gaston Flosse !
Conscient que c’est la division des autonomistes qui a fait gagner le Tavini Huiraatira, Edouard Fritch fait son mea culpa.
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L'hypothèse d'une bascule vers l'indépendance à l'issue du second tour en cas de victoire du Tavini est évoquée par des médias nationaux. "S'ils remportent le second tour le 30 avril, les indépendantistes seront pour la première fois en position de force face à l'Etat français pour négocier un processus de décolonisation et un référendum d'autodétermination", écrit aujourd'hui l'AFP.
"Le parti Tavini d'Oscar Temaru est en position de force avant le second tour, car il devrait bénéficier d'une grande partie des reports de voix des partis éliminés, qui ont tous fait campagne contre le président sortant.
Edouard Fritch fait les frais de la mauvaise communication de son gouvernement pendant l'épidémie de Covid. En dépit d'un bilan économique plutôt positif, la forte inflation subie par la Polynésie en 2022 (8,5%) lui est aussi imputée par une partie de l'opinion, car il a instauré une nouvelle TVA pour préserver la sécurité sociale locale.
Son adversaire Moetai Brotherson a fait campagne sur la suppression de cette taxe et plus généralement sur le pouvoir d'achat. Il a peu évoqué l'indépendance et a su séduire au-delà de cet électorat, capitalisant sur le rejet d'Edouard Fritch", ajoute l'AFP.
L'économie plus que l'idéologie
Hier soir sur notre plateau, le politologue Sémir Al Wardi est revenu sur ce dernier aspect de la campagne des indépendantistes. "Le Tapura va jouer pendant 15 jours sur le clivage autonomiste-indépendantiste. Ils vont mettre en avant qu'il s'agit d'indépendance pure et dure etc. D'un autre côté, le Tavini, en tout cas Moetai Brotherson, va nous expliquer que finalement ce clivage a tendance à s'atténuer, qu'ils sont beaucoup plus sur une approche socio-économique des choses", a-t-il expliqué.
Ce matin sur notre antenne radio, Moetai Brotherson a confirmé cette tendance. Si le mot indépendance est moins présent dans cette campagne, pour le candidat indépendantiste la stratégie des autonomistes de vouloir diaboliser les indépendantistes ne fait plus recette.
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Pour autant, hier soir Sémir Al Wardi soulignait le discours ambigu du Tavini : "Autant le Tapura veut jouer sur une séparation stricte entre autonomistes et indépendantistes, autant le Tavini n'arrive pas à avoir une position claire sur est-ce qu'on reste sur un problème qui relève que du socio-économique, ou alors on garde évidemment les fondamentaux, mais des fondamentaux un peu rapides puisqu'il s'agirait d'aller très rapidement devant l'ONU...C'est là où le débat va être intéressant parce que le Tavini devrait revoir sur quel pied il va danser pendant les 15 jours [à venir] et l'un des facteurs essentiels de l'élection c'est la campagne, et c'est très long", a-t-il ajouté.
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