Invité de la matinale radio, Jean-Christophe Bouissou, vice-président du Tapura, a axé son discours sur 2 axes : légitimer le rapprochement entre le Tapura et le Amuitahiraa, et dénoncer les risques liés à l'accession au pouvoir des indépendantistes.
"C'est bien la division chez nous qui a soutenu quelque part la percée du Tavini", lance d'emblée le candidat du Tapura. Pourquoi se diviser alors qu'ensemble, "l'addition des voix entre les partis autonomistes [Tapura, Amuitahiraa, A here Ia Porinetia, Ia Ora te nunaa] montre quand même que nous sommes à plus de 60 000 voix", constate Jean-Christophe Bouissou.
Pour lui, il n'y a pas eu de "vote en faveur" des indépendantistes ou de "vote sanction" contre le Tapura lors du premier tour, car "si vous prenez le vivier des voix autonomistes, on est largement en avance, donc je le redis, c'est bien nos divisions qui confortent quelque part la pole position du Tavini", insiste le candidat du Tapura.
Sauf qu'en politique, 2+2 ne font pas tout le temps 4. Pas sûr que tous les votes autonomistes du 1er tour se reportent sur l'alliance Tapura - Amuitahiraa au second tour.
L'union fait la force
Si l'union fait la force, peut-elle convaincre les électeurs de voter pour cette plateforme autonomiste alors que des années durant ce fut une guerre fratricide entre les deux partis qui la composent ? "Avec le Amuitahiraa, on est conforté dans le fait de mettre de côté nos différends, pour ne regarder que l'essentiel qui est le développement économique et social du territoire...Gaston Flosse avec Edouard Fritch après autant d'années de déchirure entre eux, ils ont été capables de passer ce cap-là", rétorque Jean-Christophe Bouissou, "au niveau des militants, il faut passer ce cap, il faut s'unir, car c'est en étant unis qu'on va gagner".
Pour lui, cette alliance, même de circonstance, ne va pas se retourner contre les Rouge-Orange. "Franchement, depuis ce rapprochement, nous avons beaucoup de réactions positives, de nos militants et de gens qui n'étaient pas en contact avec nous depuis longtemps. Nous sommes issus de la même famille politique, du Tahoeraa, donc nous nous connaissons bien, les militants du Tapura étaient aussi les militants du parti de Flosse. Le Amuitahiraa est aujourd'hui une force politique qui existe dans notre pays, Flosse a cette capacité de persuasion", insiste Bouissou.
Lequel remarque qu'"au niveau de son parti, de ses militants, de ses électeurs, tout le monde a compris le véritable enjeu", c'est-à-dire la lutte contre l'indépendance de la Polynésie.
Face-à-face indépendantistes-autonomistes
Alors à la question de savoir si cette campagne est enfermée dans un face-à-face entre les indépendantistes et les autonomistes comme l'affirme le candidat des Bleus, Moetai Brotherson, Bouissou répond "parce que c'est la réalité ! Nous avons vécu 2004. En 2004, c'était pareil, c'était l'UPLD, un regroupement de partis, on a vu ce que cela a donné : tous les jours, c'était des propos contre la France, le ressentiment des indépendantistes de l'action de l'Etat en Polynésie était la nécessité de réinscrire la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser, c'est la soupe journalière servie par le Tavini".
"La question, voulue par le Tavini, de l'accession à l'indépendance sur le moyen ou le long terme, se pose évidemment si les Bleus gagnent", ajoute le candidat du Tapura-Amuitahiraa qui préfère voir évidemment l'avenir en Rouge-Orange plutôt qu'en Bleu.
Et si la plateforme autonomiste se maintient au pouvoir à l'issue du 2ème tour, la prochaine mesure-phare qu'elle prendra sera de "réduire, dès l'installation du [nouveau] gouvernement de 0,5 point, c'est-à-dire de passer de 1 à 0,5% cette TVA sociale, nous allons dégager sur les surplus que nous avons au 31 décembre 2022 (les réserves constituées depuis plusieurs années) peut-être 2 à 3 miliards cfp pour venir conforter le versement au niveau de la CPS".
"Voter utile"
Après une réduction du taux de cette TVA sociale, l'idée serait ensuite de "l'annuler". Ce que tous les partis en lice à ces territoriales ont crié et haut fort.
Pour ce second tour, Jean-Christophe Bouissou souligne que "toutes les thématiques sont importantes, surtout celle du développement économique. Son arrêt ou le blocage des grands projets, des investissements publics, de la confiance au niveau du privé créeraient un coup d'arrêt à notre économie et des pertes d'emplois".
Il appelle donc à "voter utile", en visant ceux qui sont tentés de donner leurs voix à l'autre parti autonomiste encore dans la course, A Here ia Porinetia, ou encore en mettant en garde contre "les risques à venir avec le programme du Tavini".