"Je suis profondément marqué", à la barre du tribunal, l’un des Australiens admet ses craintes... Les deux victimes, âgées d'une cinquantaine d'années, portent toujours sur leur visage la trace des coups qui leur ont été assénés dans la nuit de vendredi à samedi. Mais le traumatisme psychologique est encore plus profond. Battus en pleine rue, pour leur tout premier séjour à Tahiti, destination vendue sur toutes les brochures comme un paradis… Ce lundi après-midi, les touristes australiens sont de nouveau face à l’un de leurs agresseurs présumés. Accompagnés de la Consul d'Australie et d’un interprète, ils apprennent, déconcertés, que le procès va être renvoyé…
“Monsieur Meamea”, sur le banc des accusés, a 23 ans. Il est sans emploi. Son fils d’un an assiste à l’audience avec d’autres membres de sa famille. “Je l’ai cherché partout et j’ai appris hier ce qu’il a fait… Je ne sais pas quoi dire, je suis triste” confie sa mère, le bébé dans les bras. Personne n’aura vraiment de réponse ce lundi. Le jeune père de famille, sur les conseils de son avocate, réclame un délai supplémentaire. C’est son droit dans ce type de procédures accélérées. "Je souhaite que Mr Meamea ait droit à un jugement dans de bonnes conditions et non sous le coup de l'émotion comme c’est le cas aujourd’hui (...)" plaide Maître Karina Chouini devant les magistrats.
Renvoi au 22 avril, le prévenu reste en détention
Renvoi accordé, l’audience est reportée au 22 avril prochain alors que le retour des touristes en Australie est prévu le 3 avril. Comment passer le reste de leur séjour sereinement après ce qui s’est passé, interrogent-ils à la barre… Leurs possibilités : prolonger leur séjour, faire un aller-retour, ou laisser une attestation écrite qui sera lue lors de l’audience.
Je ne voulais pas que ce jeune soit le seul de qui l’on parle. Il était hors de question qu’il porte la responsabilité de tout ce qui s’est passé. On a quand même d’autres personnes dans ce dossier dont des mineurs qui ont eu un rôle extrêmement actif dans le passage à tabac de ces deux messieurs (...). En revanche je suis soulagée que les parties civiles aient pu au moins dire ce qu’elles ressentaient avant de repartir en Australie. C’était important pour elles et pour que mon client l’entende et que ça le fasse réfléchir jusqu’à la prochaine audience.
Maître Karina Chouini- Avocate du prévenu
Au fil des témoignages, le prévenu réalise peu à peu la gravité de ses gestes. “Je m’excuse pour ce que j’ai fait” adresse-t-il, désolé. Il est maintenu en détention jusqu’au 22 avril, comme l’a requis le Procureur, pour éloigner tout risque de représailles. Il risque jusqu’à sept ans de prison. Quant au second mis en cause, mineur âgé de 17 ans, il comparaîtra le 29 avril devant le juge pour enfants.