"Donc, on a le beurre fondu, après... qu'est ce qui nous manque ? La farine ! 100 grammes de farine". Même sans sa toque, Michel Portos fait très vite autorité sur tout ce qui rentre et sort des fourneaux. Au menu du jour : rouleau de printemps à la rillette de maquereau et gâteau au chocolat. Le technicien culinaire, comme il aime se définir, utilise uniquement les ingrédients et le matériel qu’il peut se procurer en détention. Un défi en soi qui le rapproche de ses apprentis.
Au menu du jour : rouleau de printemps à la rillette de maquereau et gâteau au chocolat
"Ce partage qu'on éprouve, cette affection que j'ai pour eux, et qu'ils me rendent. Parce qu'après, je passe 2 jours avec eux en détention, on devient un héros. C'est juste le fait de s'occuper d'eux, qui fait toute la différence" affirme Michel l'étoilé. Voilà 10 ans qu'il partage son savoir-faire dans les prisons françaises. 10 ans qu’il étonne, ravit les papilles et fait naître de la reconnaissance au cœur de ceux qu’il visite. "Toutes ces recettes, je n'ai jamais appris cela à l'extérieur. Et il m'a fait goûter hier sa sauce anglaise, j'étais carrément dans les étoiles" lance un détenu, tablier blanc autour de la taille. "J'ai mémorisé, j'ai revisité, là je suis au point" conclut-il fièrement. "C'est une personne qui partage son savoir, son plaisir est contagieux".
“Pour accéder à cette activité, il faut faire partie du régime Module de respect”
Au-delà du partage culinaire, l’établissement pénitentiaire a un objectif particulier pour les détenus qui participent à ces ateliers. Triés sur le volet, ils font tous partie du module respect, car ils ont montré un comportement exemplaire jusqu’alors. C'est le plus important pour Virginie Tanquerel, cheffe d'établissement du Centre pénitentiaire de Tatutu : "Il y a des personnes qui s'intéressent aux détenus, des personnes qui font partie aussi de notre vie... En tant que citoyens on doit par tous les moyens leur faire comprendre qu'ils peuvent sortir mieux qu'ils ne sont rentrés".
Lundi, après une semaine de cours, le chef dirigera l’équipe de 30 cuisiniers du centre pénitentiaire pour servir 800 repas. Un moment de partage très attendu par l’ensemble des détenus.