Un nouveau modèle de production pour que la perle de Tahiti retrouve son éclat

Après le Conseil de la perliculture qui s’est tenu les 9 et 10 juin derniers, un bilan a été dressé. Cet évènement a été l’occasion d’entériner des décisions importantes pour l’avenir de la filière, décisions qui avaient été déjà discutées lors du précédent conseil en novembre 2021.

Les grandes orientations de la politique sectorielle ont été validées lors de ce Conseil. La politique publique pour les années 2022-2026 vise ainsi à revoir le modèle actuel de production pour l’orienter vers un modèle plus durable et en particulier plus responsable : qui préserve les lagons avant tout ; plus solidaire : qui contribue à l’emploi local ; plus intelligent : qui reprend en main sa stratégie de vente.
Une partie des professionnels s’est d’ores et déjà dite prête à s’engager dans une démarche éco-responsable et à adhérer à une charte dont les principes ont été validés. Mais au-delà des améliorations des pratiques face aux enjeux de développement durable, l’adhésion à cette charte permettra aux perliculteurs de faire connaître au grand public leurs engagements dans une démarche éco-responsable. La charte doit permettre de mettre en valeur ces producteurs exemplaires.

Remplissage des « big bags » par l’association Teikanapa de Takume.

La problématique des déchets perlicoles est au coeur de la politique menée par le Pays. Dans la continuité des actions entreprises récemment pour le rapatriement des premiers déchets des fermes stockés à terre, un appel d’offre a été lancé par la Direction des Ressources Marines (DRM) pour continuer le rapatriement des déchets dans 13 îles des Tuamotu Gambier, marché qui s’étalera sur 3 années.

En complément de ces actions de nettoyage, des mesures réglementaires vont être prises pour contraindre les perliculteurs à s’engager dans des actions de recyclage. Ainsi un projet de réglementation sera bientôt présenté pour amener les producteurs à présenter un plan de gestion individuel des déchets. Parallèlement à cela, la DRM incite les producteurs à s’orienter vers l’utilisation de matériaux compostables.

Encore trop de cordages et de filets traînent dans les lagons où la perliculture a cessé.

Des décisions majeures ont également été prises concernant la gestion des concessions maritimes octroyées aux fermes perlicoles. Il a ainsi été décidé de retirer, voire d’annuler, toute carte de producteur et toute autorisation d’occupation du domaine public si durant 2 ans, ou 4 ans pour les premières demandes, il n’est déclaré aucun employé, aucune nacre greffée ; aucune production de perle et aucune vente de perles.

La notion d’un minimum d’activité a par ailleurs été fixée pour permettre de réduire des surfaces octroyées, le cas échéant. Le minimum d’activité est défini selon deux critères cumulables qui sont un seuil de production minimum de perles fixé à 200 perles/Ha sur 2 ans et un seuil d’employés minimum (salariés ou patentés) fixé suivant le nombre d’hectare.

Ferme perlière à Fakarava

Les professionnels ont enfin été informés que le Centre des métiers de la mer de Polynésie française (CMMPF) lancera en octobre prochain une formation spécifique de courte durée sur la greffe des nacres. Cette formation est destinée à une douzaine de candidats travaillant ou ayant une expérience dans les fermes. Ces candidats profiteront d’une formation théorique d’un mois sur Rangiroa et pratique de 5 mois dans des fermes.

La stratégie menée par le Pays vise à renforcer les compétences locales par des formations plus adaptées, et de réduire progressivement l’utilisation de main d’oeuvre étrangère. Tous les membres du Conseil se sont accordés pour reconnaître la nécessité de former des greffeurs locaux, et procéder à un remplacement progressif des effectifs étrangers au sein des fermes perlières.

Enfin, une nouvelle campagne de promotion de la perle de Tahiti est en cours d’élaboration. Cette campagne internationale, à l’instar de nombreux produits de joaillerie, sera fondée sur une démarche de production éco-responsable. L’engagement des producteurs dans la préservation de leur environnement sera ainsi valorisé et contribuera à une mise en marché plus intéressante, pour permettre d’améliorer les prix de première mise en vente.