Depuis le centre d'appel de l'hôpital (15), Faïda Brothers donne des conseils aux victimes, envoie les secours suite à la décision du médecin du SAMU et peut suivre en direct les interventions en avion ou en ambulance dans toute la Polynésie. L'assistante se tient prête, particulièrement le soir de la Saint-Sylvestre.
"Il y a plus de demandes durant les fêtes, après c'est le médecin régulateur qui oriente les victimes. Ce soir, la clinique Cardella peut recevoir certains cas légers par exemple. Et les cas les plus graves [sont pris en charge] aux urgences du Taaone. (...) On attend les brûlures [dues aux feux d'artifice], les accidents, les coups, les agressions" détaille Faïda. Généralement, les accidents de la route ont plutôt lieu au retour de soirée, vers 4 heures du matin, le 1er janvier.
Premiers blessés du réveillon
Après une activité relativement soutenue durant la journée, avec une centaine de passages entre 8 heures et 20 heures et un grave accident survenu à Vaihiria dans l'après-midi, les patients alcoolisés commencent à arriver vers 23 heures. Une jeune femme accompagne son amie qui a violemment chuté en boîte de nuit. "Cela fait peur. On imaginait pas passer notre nuit aux urgences. Ce n'est pas la première fois que je viens aux urgences pour une amie durant une soirée au nouvel an. Et c'est souvent à cause de ceux qui renversent l'alcool par terre : les gens glissent et finissent aux urgences" raconte-t-elle.
Pour elles, 2022 se termine aux urgences. "[Mon amie] est blessée, on veut être là. On ne va pas continuer la fête alors qu'elle est dans cet état" poursuit-elle, en remerciant le personnel de santé. "Ils ont été assez compréhensifs. Ils font de leur mieux et c'est génial."
Comme un 31 décembre
Les cas sont classiques, estime le médecin urgentiste Bertrand Remaudière. Des patients alcoolisés qui font des malaises et des bagarres... L'effectif n'est pas renforcé ; trois médecins aux urgences, deux internes, quatre infirmières aux urgences et deux autres à l'accueil, deux aides-soignantes, un médecin de SMUR et un médecin d'évasan. "Pas de renforts particuliers, juste libérer la place le plus rapidement possible. On a essayé d'activer au maximum toutes les équipes pour vider le plus les urgences, et être efficace cette nuit. Le but, c'est de faire attention aux patients qu'il faut prioriser" précise le médecin. Les "urgences relatives" devront donc patienter un peu plus...
Entre l'accueil, le tri en fonction de la gravité du cas, le passage, les examens puis les résultats et la décision finale, les patients passent en moyenne 6 heures aux urgences. Et c'est normal, tient à préciser Bertrand Remaudière : "les gens ont l'impression de beaucoup attendre. En fait, il y a plusieurs étapes aux urgences. Il y a des prises de sang, des scanners, des radios, l'avis d'un médecin spécialiste de chirurgie, l'avis d'un spécialiste de néphrologie qui vont permettre de prendre une décision globale, est-ce que le patient peut rentrer à la maison, ou est-ce qu'il faut qu'il soit opéré en urgence. Tout ce temps permet de déterminer toute la suite. Cela serait beaucoup plus simple pour nous de le faire entrer aux urgences et de le monter dans une chambre. Mais il ne se passe rien."