Il s’est passé plus d’un an entre les faits et la garde à vue de la prévenue. Un an pendant lequel, la mère de la victime a continué à la rosser comme un adulte dira un témoin. Pendant l’audience, personne n’a pu expliquer pourquoi après des plaintes de la grand-mère, des signalements de l’hôpital ou encore de mamans de l’école, l’adolescente est restée chez celle qui la frappait pour un rien.
15 jours d’ITT en mars 2022 pour avoir reçu des coups de poing à la nuque, l’adolescente a eu une entorse cervicale. Ce n’était pas la première fois, les voisins le savent, la trentenaire n’y va pas de main morte quand il s’agit de corriger sa fille. Et gare à celui qui lui fait une remarque, elle répond que « C’est sa fille, ça fonctionne comme ça, il faut la frapper pour qu’elle comprenne ». Parfois, la victime arrivait à s’enfuir chez les voisins et leur demandait d’appeler sa grand-mère pour venir la chercher. Mais ils ont compris que cela ne faisait qu’empirer les choses : à chaque fois qu’ils intervenaient, la petite se faisait battre un peu plus.
« Elle me tape presque tous les jours (…) Je ne veux plus vivre avec elle »,
confie la victime aux enquêteurs
Taper dans le dos avec le plat de la main, avec un balai ni’au, un manche du balai, des chaussures ou encore tirer les cheveux et interdire à sa fille de manger sans sa permission… Les sévices sont nombreuses. « Elle me tape presque tous les jours (…) Je ne veux plus vivre avec elle », confie l’adolescente aux enquêteurs. En souffrance, elle se scarifie les bras et veut vivre chez sa grand-mère. Elle y arrivera mais tous les mercredis et vendredis, elle revient chez sa mère et à chaque fois le même sort l’attend. Elle ira jusqu’à courir derrière la voiture de sa grand-mère pour qu’elle ne la laisse pas ici, dans cet enfer. Une fois, elle finira au sol, sa mère la retenant, l’étranglant presque. La prévenue a nié ces faits. À la barre du tribunal correctionnel, la prévenue explique, en pleurs, qu’elle a, elle-même, subi les violences de son père qui la menaçait avec un couteau pour qu’elle ne raconte pas les sévices.
« On me tapait tout le temps, mais moi, je n’ai jamais porté plainte (...) Si au moins j’avais quelqu’un qui essayait de me comprendre (…) Je me suis enfermée sur moi-même »
explique la prévenue à la barre
En effet, les violences dans cette famille font partie du quotidien : le grand-père tapait sa compagne et sa fille, le père de la fillette, parti lors de la grossesse, tapait lui aussi la prévenue. « On me tapait tout le temps, mais moi, je n’ai jamais porté plainte » a confié à la barre du tribunal correctionnel la mère de famille, qui se dit seule et incomprise. « Si au moins j’avais quelqu’un qui essayait de me comprendre (…) Je me suis enfermée sur moi-même ». L’expertise psychiatrique de la mère a estimé qu’elle avait une intelligence normale mais qu’elle présentait des signes de troubles de stress post-traumatiques. Suivie par le Fare Tama Hau, elle veut en finir avec cette violence. Car comme dira son avocate dans sa plaidoirie, on ne naît pas mère, on le devient.
La prévenue a été condamnée à un an de prison avec sursis probatoire de 3 ans. Elle devra se soigner, ne pas entrer en contact avec sa fille, ni paraître à son domicile. Elle devra verser 300 000 Fcfp à sa fille. Le juge des enfants a été saisi pour statuer sur son autorité parentale.