Se tenir debout face à un jury de trois personnes, pas facile pour ces quatre collégiens, qui présentent leur projet de création d’entreprise, destinée à la vente de voitures reconditionnées.
Après une présentation d'une vingtaine de minutes, ils doivent encore répondre durant cinq minutes aux questions du jury. Le but : évaluer leur connaissance du secteur, leur posture, leur élocution, et leur organisation, entre autres.
L'un des membres du jury leur conseille par exemple d'ajouter un service, issu de leurs compétences, à leur projet : "Vous savez utiliser les références de pièces pour commander sur internet, donc n'hésitez pas à le mettre en avant, parce que c'est une grosse valeur ajoutée."
Les candidats n’ont eu que quelques séances pour se préparer à l’entretien, comme le précise Iotua Iotama, l'un des membres du projet "Carrosserie Eco" :
"On a travaillé sur le projet pendant trois séances, et on s'est entraîné pour l'oral au moins dix à vingt minutes. "
Iotua Iotama - élève en classe de troisième
Dans le jury, la directrice de l’établissement, un professionnel des transports routiers et une représentante de l’association FACE. Pour Lanivai Manuel, à l'origine du projet et responsable insertion et éducation de l'association, l'objectif est de remotiver les élèves ayant des difficultés scolaires.
Elle explique : "ils vont quand même créer une entreprise fictive et ils vont donc vraiment se rendre de compte de ce qu'est une entreprise. De quels sont les besoins à identifier et par rapport à ce besoin, qu'est ce qu'ils savent faire ? Quels sont leurs talents ? Et à partir de cela ils vont créer leur idée de génie. C'est vraiment pour leur prouver qu'ils savent faire quelque chose et que ce n'est pas parce qu'ils ont de mauvaises notes à l'école qu'ils ne sont pas capables de faire ce genre de projet."
Du point de vue de l’enseignement, il s’agit là d’un très bon exercice pour les examens à venir. Heiana Toti, une des professeurs de français de ces collégiens, ajoute que : "pour présenter une entreprise, ils sont obligés d'être à l'aise, d'être confrontés à un jury, de capter leur attention. Et donc cela les prépare aussi pour l'oral du DNB."
Arthur Ceccaldi, le seul professionnel du jury, se prête volontiers au jeu, dans l’intérêt des plus jeunes, car : "le fait d'avoir ce genre d'exercice où on doit parler d'un sujet sérieux, pendant cinq à dix minutes, avec des gens qui ne sont pas de notre environnement scolaire, ça aide. Surtout au moment où on sort des études et qu'on se retrouve dans le monde professionnel, la façon de parler, de se comporter, les interlocuteurs, leur âge, tout ça peut être un peu déstabilisant."
L'opération est une réussite pour ces collégiens qui ont déjà le sourire au sortir de leur passage. Iotua Iotama le confirme : "ça s'est plutôt bien passé dans l'ensemble, même si on a eu le trac, qui nous a fait oublier quelques détails de notre projet à présenter au jury."
Ce défi est aussi l’occasion de faire le point sur ce qu’ils envisagent plus tard, et pourquoi pas, d’y réfléchir sérieusement.