C'est une reconversion au poil. Une société tahitienne de collecte des déchets récolte depuis peu les cheveux auprès de près de 200 salons de coiffure de Tahiti. « Je trouvais ça dommage de jeter une telle quantité de cheveux tous les jours, déplore Stéphanie coiffeuse. Surtout que l'on sait que les cheveux ont énormément de propriétés ».
La matière première est ensuite retravaillée, pour être mise en forme de boudins ou de tapis. Le but, c'est de profiter de ses propriétés exceptionnelles, et notamment son pouvoir absorbant, il peut absorber jusqu'à 5 fois son poids en graisses, ce qui en fait un allier de choix contre la pollution marine aux hydrocarbures par exemple. « Ça s'est notamment vu lors des grandes marées qu'il y a eu à Mayotte ou à La Réunion, où ça été éprouvé, explique Rava Sachet, responsable de la gestion des déchets et de la préservation de l'environnement dans la société. On sait que ça fonctionne, on veut l'utiliser pour ceux qui font de la dépollution de navires ou pour les garages par exemple ».
Une fois le processus de transformation terminé, les cheveux prennent la forme de boudins ; ils sont entassés dans d'anciens bas, eux mêmes issus d'anciennes tenues d'hôtesses d'une compagnie aérienne. « Les cheveux ont des écailles, explique Keahi Terorotua, salarié de l'établissement. Ce sont ces écailles qui leur permettent d'absorber autant les hydrocarbures, mais on utilise plus les cheveux courts. On garde les cheveux longs pour confectionner les tapis. C'est très simple à faire ».
Des cheveux comme engrais
La société innovante se penche aussi sur une deuxième piste, celle de la valorisation agronomique des cheveux. Ces derniers sont riches en potassium et en azote.Ils pourraient ainsi remplacer ou compléter ce qui est utilisé actuellement comme engrais. Des agriculteurs bio seraient intéréssés, selon l'établissement, pour mener des tests sur l'efficacité du cheveu en tant qu'engrais dans leurs plantations.
Pour ce qui est du projet de boudins et de tapis de cheveux, la société se donne un an pour décider de sa rentabilité, avec l'utilisation de subventions de l'État et du Pays si nécessaire.