"La personne handicapée était violente", ce n'était pas une raison pour le tabasser
L'internaute qui a posté la vidéo un peu après 8h ce samedi matin fait part de sa stupeur lorsqu'il la revoit. Nous sommes dans le quartier Estall, "certes la personne handicapée est bruyante et les insulte une fois qu'il est à terre mais c’est pas une raison de le tabasser".
D'après notre service de "fact checking" de France Télévisions a authentifié la scène. On y voit une personne jetée à terre ainsi qu'un coup de poing, ils l’ont bien laissé faire au début. Ce que nous voyons nous, c’est un policier qui pète un plomb et frappe une personne, et ses camarades qui le retiennent".
Le délégué syndical Unité FO Wallace Teina "condamne fermement ces actes de violence". Il évoque sa "surprise et sa colère" dans un fonctionnement habituellement "très respectueux de la population, à la polynésienne".
La Procureure de la République ouvre une enquête pour violences aggravées
Ceux qui ont assisté à la séquence ne comptent pas en rester là: "Il a un fauteuil roulant donc à mobilité réduite, et peut-être saoul, donc à protéger. Assis, il ne représentait absolument aucun danger, d'autant plus qu'il étaient 4 et armés".
9h25. La famille de la personne agressée se rend au siège de la DTPN avec cette vidéo à l'appui pour un dépôt de plainte. Solène Belaouar, la procureure que nous avons pu joindre, confirme que les faits identifiés se sont bien produits. Elle "vient d'ouvrir une enquête pour violences aggravées par 3 circonstances : sur personne vulnérable, par personne dépostitaire de l'autorité publique et en réunion".
Elle a saisi la police judiciaire, qui avait elle aussi décidé d'ouvrir une enquête administratrive. Ce sont des faits qui seraient passibles d'au moins 7 ans de prison. Tout dépend selon "elle", du préjudice de la victime.
Des policiers "au rabais", formés en moins de 3 mois
Pour le syndicaliste Wallace Teina, c'est "un problème rencontré lorsqu'il n'y a pas assez de policiers titulaires et trop de policiers adjoints". Environ 40% des agents sont armés et contractuels contre 60% sont seulement deployés avec la formation ad hoc : maniement des armes, comportement sur le terrain. Ce sont exactement les chiffres contraires de la Métropole. "Quoi qu'il en soit, il y aura une enquête administratrive en plus du volet pénal. Et les collègues qui disposent tous de GO PRO à la ceinture permettront de déterminer la violence et la responsabilité des faits". "C'est un discours que l'on porte habituellement au Haut-Commissaire et qui, du coup sera peut-être plus sensible".
Aucun policier en service rentré ce matin à 6h et aucun commissaire de permanence ou chef de la DTPN ne pouvait nous répondre, pas plus que l'adjoint à la sécurité de la ville de Papeete, à l'heure où nous publions.
[MAJ 12H] Le Haut-Commissaire décide la suspension des 4 policiers
Sans délai, le Haut-Commissaire a décidé la suspension administrative immédiate des 4 agents impliqués dans l’attente des résultats de l’enquête interne ouverte par la Direction Territoriale de la Police Nationale (DTPN).
Le Haut-Commissaire de la République "condamne fermement toute forme de violence. La réaction de l’État à de tels comportements doit être ferme. Il en va de la confiance en nos forces de sécurité qui travaillent sans relâche au service de nos concitoyens".