Des colis à lister puis à livrer, c’est la responsabilité d’Abel. Ce sans domicile fixe est chauffeur depuis 1 an au centre de tri de Faa’a. Il y a 15 jours, il a signé un contrat à durée indéterminée. Dès lors, il déborde de gratitude et d’espoir. "C'est une nouvelle vie, une nouvelle aventure, un futur pour moi, c'est l'avenir assuré", dit très ému Abel Flores, chauffeur chez Fare Rata.
La perspective d’un nouvel avenir le ravit. Déjà très apprécié de tous ses collègues de travail, ces derniers ne tarissent pas d’éloges à son égard. "Tous les jours il fait le tour et dit bonjour à tout le monde, de deux il fait toujours plus que ce qu'on lui demande, et de trois il est toujours souriant", admet Heiura Chal, agent d'expédition.
La direction avoue avoir effectué un très bon recrutement pour occuper un poste dont ils avaient besoin. Si elle n’a pas renouvelé le recrutement de personnel SDF cette année, c’est parce qu’elle dit vouloir aller au bout de la démarche de réinsertion, en l’aidant à trouver un logement. "Il y a plusieurs options, essayer de trouver des propositions en interne avec des gens qu'on connaît ou des partenaires qui puissent nous aiguiller vers des offres de logement, ou pourquoi pas se porter garant dans le cadre d'une négociation", déclare William Vivish, chef du centre de traitement de courrier à Tua Rata.
SDF également, Keremo, est en CDD en tant que chauffeur. En apprenant la nouvelle du recrutement permanent de son ami, il redouble d’ardeur. "Je travaille encore plus jusqu'à ma retraite, et de sortir de la rue. On a besoin de vivre comme tout le monde, un toit sur la tête comme tout le monde", avoue Keremo Tokorangi, lui aussi chauffeur chez Fare Rata .
Ensemble, ils livrent les colis sur les goélettes direction les îles. La sensation d’être utiles et d’appartenir à une entreprise, les enivrent. "Le fait de représenter OPT, de pouvoir livrer les colis pour OPT, ainsi que les courriers, ça fait toujours quelque chose...je suis un homme heureux !", lâche Abel Flores.
Un travail, un salaire décent et une vie normale, c’est tout ce à quoi aspirent Abel et Keremo, après plusieurs années de vie dans la rue.
Le reportage de Nicolas Suire :