C’est une nouvelle victoire pour les opérateurs de télécoms du fenua, concurrents d’Onati. Le tribunal administratif leur a donné raison, le gouvernement doit revoir les tarifs d’interconnexion des opérateurs de télécommunications à la baisse.
Au-delà d’une guerre de concurrence, c’est bien le consommateur qui était impacté par ces tarifs jugés onéreux et injustes par les plaignants. Leurs abonnés devront donc bénéficier de meilleures prestations. Tous les consommateurs pourraient, dès 2022, bénéficier d’offres commerciales plus alléchantes, tant sur les abonnements internet que mobile.
La décision rendue par le tribunal administratif le 14 décembre permettra aux deux concurrents de la société Onati (Vini), de réduire leurs coûts, et donc de répercuter ces économies sur leurs prestations.
Des tarifs supérieurs à la réalité du service
Les deux opérateurs que sont Vodafone et Viti dénonçaient des tarifs d’interconnexion de prestations d’accès très supérieurs à la réalité. Ces prix, proposés par Onati, sont d’abord proposés en comité consultatif des télécommunications (CCT), puis approuvés en conseil des ministres.
« Ce qu’il se passe, ça c’est les règles du comité consultatif des télécoms (CCT), c’est un organe dans lequel on présente des sujets à la demande du gouvernement, et les opérateurs donnent leur avis. Et le problème c’est que quel que soit l’avis des opérateurs, en dehors de celui de Onati, nos avis ne sont jamais pris en compte. Parce que dans le comité, il y a le mot consultatif, donc on nous consulte, mais après le gouvernement impose les tarifs qui conviennent à Onati. C’est une perte de temps, c’est une injustice, parce qu’il y a des règles qui sont définies dans le code des postes qui devraient permettre d’arriver à des tarifs compétitifs", dénonce Bernard Foray, directeur général de Viti.
"Tarif resté indentique"
Ces tarifs font l’objet d’une révision tous les 2 ans. Mais en 2021, "en raison de la situation très dégradée du secteur due à la covid-19", les tarifs fixés en 2019 ont été reconduits. "Pour vous montrer un exemple simple, ce que nous on a contesté, c’est le fait que sur ces 2 années qui sont là, le tarif est resté identique. Normalement, un tarif change tous les 2 ans. Linéairement, pour 2020 – 2021, ce tarif qu’il nous facture, qui est répercuté sur le coût de la téléphonie mobile, descend comme ça graduellement, ce qui nous aurait donné un prix aux alentours de 3 000 cfp à peu près. C’est ce qu’on aurait dû payer, donc quasiment divisé par 2 par rapport à ce qu’il nous facture aujourd’hui. Donc, c’est facile de mettre la faute sur le gouvernement, mais c’est eux qui sont des conseillers du gouvernement, qui dit voilà, le prix aurait dû être comme ça, ils ne l’ont pas fait", s'insurge Patrick Moux, directeur général de Pacific Mobil Télécom (Vodafone). Selon l’article D. 212-2 du code des postes et des télécommunications, « à l’exercice d’une concurrence effective et loyale entre les opérateurs de service de télécommunication mobile (…) au bénéfice des utilisateurs".
Mais pour les concurrents d'Onati, cette règle n’a pas été respectée. Ils accusent même la Polynésie, et donc le gouvernement, d’avoir "commis un détournement de pouvoir dans le seul but de protéger l’opérateur public Onati".
Les consommateurs, les grands gagnants
Au-delà d’une guerre de concurrents, ce sont bien les consommateurs qui sont les grands vainqueurs. "Ça serait bien d’avoir plus de consommation, et de baisser le prix !", s’exclame une cliente.
Un espoir qui se concrétisera dès 2022 lorsque les nouveaux tarifs d’interconnexion seront publiés au journal officiel. Présentés en CCT le 25 novembre dernier, les prix ont "quasiment été divisés par 16 depuis 10 ans", se réjouit Bernard Foray, le directeur général de Viti. A titre d’exemple, pour des connexions intra-Tahiti, le tarif passe de 835 cfp en 2016, à 143 cfp en 2022. De nouvelles offres seront proposées aux plus de 13 000 abonnés. De son côté, Vodafone avait anticipé cette victoire. Résultat : ses offres commerciales sorties en début de mois défient toute concurrence.
Contactés, la société Onati et le gouvernement n’ont pas souhaité s’exprimer. La première estime qu’il revient au 2e de s’expliquer. Le Pays a désormais 4 mois pour proposer de nouveaux tarifs d’interconnexion. Par ailleurs, le tribunal administratif a également condamné le Pays à verser 150 000 cfp à chaque plaignant.