Les délits dans les zones de mouillages sont de plus en plus fréquents. Vandalismes, cambriolage ou encore vols visent toujours les mêmes cibles : des bateaux où les propriétaires sont absents. Parfois, il s’agit d’épaves, mais pas toujours. Une des victimes témoigne : « La porte du bateau a été forcée et toutes nos affaires étaient saccagées. Les jouets des enfants étaient abimés, le linge sorti, on nous a volé nos objets de valeur.»
Pour Arnaud Jordan, président de l’association des voiliers en Polynésie : « ça n’arrive pas si souvent mais ça arrive. Le problème est : est-ce que c’est une épave ou pas ? Le bateau a un propriétaire qui a dû s’absenter du territoire ou pas, ça arrive, si on laisse faire, c’est les jeunes qui choisissent les bateaux qu’ils veulent vandaliser, ça ne me paraît pas très correct » déplore-t-il.
Gérard Pasquier vit au fenua sur son bateau depuis plus de deux ans. Il a été témoin de vandalisme par des jeunes, dit-il, qui s’en sont pris à une épave. S’il n’excuse pas le geste, il comprend le ras le bol.
« Les gosses, j’ai parlé avec eux, ils en ont marre de voir des bateaux abandonnés qui s’échouent, qui polluent, parce qu’ils sont abandonnés. Alors, ils font des dégâts sur les bateaux pour que les propriétaires s’occupent de leur bateau ».
Gérard Pasquier - plaisancier
Ces actes illustrent la relation entre plaisanciers et riverains. Des tensions qui ne sont pas nouvelles, mais qui s’accentuent au fil des ans. Manava Roomataroa s’est installé dans la baie de Faa’a depuis un an. Les loyers à terre sont trop chers alors il a opté pour le bateau. Mais aujourd’hui, il se sent attaqué de toute part. Des loyers de corps-morts qui ont plus que triplé et une réputation imméritée.
Manava avoue que : « ce qui est malheureux en fait, c’est que l’on ne comprend pas pourquoi le port autonome décide d’augmenter autant le tarif, pour les gens qui vivent à bord et qui permettent d’avoir une certaine sécurité. Le fait d’avoir pleins de gens sur le lagon, pendant la dépression Nat alors que les activités dans le lagon étaient interdites, il m’est arrivé d’aller chercher deux gars en pirogue qui ont fini contre le récif (…) Je comprend la position des gens, mais ils ont tendance à penser que les voileux sont des gens qui s’accrochent au système et ne dépensent pas d’argent, et qui sont là pour déguelasser notre lagon. Mais, ce n’est pas du tout ça… on paie tout, comme tout le monde. »
Le ras le bol se fait sentir de toute part. Le vivre ensemble est difficile, mais tout n’est pas perdu. L'association des voiliers en Polynésie souhaite organiser des visites avec les riverains sur les bateaux, se réunir donc plutôt que se diviser. Les plaisanciers souhaitent apaiser les tensions.