3e jour du procès Sarah Nui à Papeete, avec l’audition très attendue de Niuhi Marere. Ancienne gloire du surf local, rongé par l'ice, il raconte comment est allé jusqu’à accepter de faire la mule pour se fournir auprès de Tamatoa Alfonsi au Mexique.
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Niuhi Marere, surfeur de 31 ans, a fait rêver des générations d’enfants, plusieurs fois parmi la sélection tahitienne de surf…Ça, c’était avant de tomber dans l’ice. « Le surf, c’est le berceau de l’ice en Polynésie » résume le président. Rongé par la drogue, Niuhi Marere raconte aujourd’hui comment il a accepté de faire la mule en 2018. Nikis Calmajis, alors PNC sur Air Tahiti Nui, lui aurait remis 1 millions de Fcp selon Niuhi Marere, « que 100 000 » selon Nikis Calmajis dans une enveloppe, par le biais d’un confrère steward sur une autre compagnie aérienne, « pour acheter la drogue », selon Niuhi Marere, « de l’argent de poche, car il était limite dépressif, je lui ai offert ce voyage pour qu’il se change les idées » explique Nikis Calmajis à la barre. Tamatoa Alfonsi confirme que l’argent remis au moment de la transaction venait bien de Nikis Calmajis. Malgré ses dénégations, des écoutes téléphoniques et surtout un revendeur présumé désignent l’ancien PNC de la compagnie au tiare comme une tête de réseau local et l’organisateur du voyage de Niuhi Marere.
Niuhi Marere se rend en taxi au Mexique et aurait ainsi récupéré 200 g d’ice auprès de Tamatoa Alfonsi. Puis, il aurait repassé la frontière mexicaine, cette fois à pieds, avec le sachet dissimulé dans son caleçon. De retour dans la maison de Maitai Danielson à San Diego, il aurait été prévu de cacher la drogue dans un appareil de karaoké. En garde-à-vue, Niuhi Marere raconte que Maitai Danielson a une pièce dédiée au conditionnement de la drogue dans sa maison, il remplirait des glacières ou des hauts-parleurs en retirant l’intérieur et en le remplaçant par la drogue, « une pièce de travail dans laquelle il était interdit de fumer ». Des propos corroborés par Sarah Elkaim, la compagne d’alors de Maitai Danielson, grande absente de ce procès.
Par la suite, Niuhi Marere est revenu sur ses déclarations :
Au dernier moment, Niuhi Marere aurait paniqué et refusé de rentrer à Tahiti avec la drogue. Sous l’effet de l’ice, dans son hôtel, il aurait été pris de délires paranoïaques, « il se croyait surveillé par la DEA [Drug Enforcement Administration ndlr] », raconte un témoin l’ayant croisé. Au moment d’embarquer à Los Angeles, les autorités américaines l’arrêtent. Niuhi Marere n’a rien sur lui. « Calmajis n’était pas content, j’avais patiné, il a menacé de saisir ma voiture […] J’ai foiré le voyage, mais aujourd’hui je les remercie, sans eux, je n’aurais jamais réalisé et tout arrêté. »
Par la suite, l’enquête démontre que d’autres mules auraient été envoyées récupérer de l’ice auprès de Tamatoa Alfonsi, au Mexique. Les écoutes téléphoniques mettent en lumière l’organisation de Nikis Calmajis, n’hésitant pas à faire appel à des gros bras pour récupérer des dettes, « pour moi, c’était lui la tête », dira un revendeur à la barre. « Il disait qu’il y avait un storage aux Etats-Unis, que Maitai Danielson laissait la drogue dedans et qu’il la ramenait dans ses valises […] les transactions se faisaient dans le parking de sa résidence. Sana [surnom de Tamatoa Alfonsi ndlr] et Maitai Danielson fournissaient tout Tahiti » raconte un autre. « Je mentais au téléphone pour me protéger d’éventuelles violences » se défend Nikis Calmajis qui reconnaît sa consommation et la cession occasionnelle « pour dépanner des amis ». « Je m’en suis pris plein la tronche parce qu’en fait, j’ai pas d’amis. » Témoin assisté dans une autre affaire de séquestration sur fond de trafic de drogue, pour lui, il est « chargé par vengeance », ce ne sont que « rumeurs et affabulations ». Pour Nikis, son seul lien est Sarah Elkaim, l’ancienne compagne de Maitai Danielson, « une bonne amie à moi, je n’avais affaire qu’à elle. »
La justice reproche aussi à Niuhi Marere d’avoir envoyé 103 000 Fcp par mandat à Tamatoa Alfonsi, « il était dans la merde […] j’étais le meilleur esclave de Tamatoa qui avait le produit ».
Aujourd’hui, le surfeur assure avoir tourné la page et s’est remis intensivement au sport. Il attend un CAES comme guide sanitaire et espère un sponsor. « Je sors la tête de l’eau. Je ne veux pas que la Polynésie ressemble à ça. La vie, c’est d’aller à la mer avec ses enfants. J’étais devenu une grosse merde. »
Il encourt jusqu'à 10 ans de prison pour tentative d'importation de stupéfiants.
Niuhi Marere en plein délire paranoïaque
Niuhi Marere se rend en taxi au Mexique et aurait ainsi récupéré 200 g d’ice auprès de Tamatoa Alfonsi. Puis, il aurait repassé la frontière mexicaine, cette fois à pieds, avec le sachet dissimulé dans son caleçon. De retour dans la maison de Maitai Danielson à San Diego, il aurait été prévu de cacher la drogue dans un appareil de karaoké. En garde-à-vue, Niuhi Marere raconte que Maitai Danielson a une pièce dédiée au conditionnement de la drogue dans sa maison, il remplirait des glacières ou des hauts-parleurs en retirant l’intérieur et en le remplaçant par la drogue, « une pièce de travail dans laquelle il était interdit de fumer ». Des propos corroborés par Sarah Elkaim, la compagne d’alors de Maitai Danielson, grande absente de ce procès.
Par la suite, Niuhi Marere est revenu sur ses déclarations :
J’avais entendu dire seulement, je ne peux pas dire que j’ai vu Maitai le faire. J’étais trop défoncé. » Dans le box, Maitai Danielson se lève : « je l’ai plutôt persuadé de ne pas le faire. Vous avez l’acheteur, vous avez la mule, je ne vois pas ce que je viens faire dedans.
Au dernier moment, Niuhi Marere aurait paniqué et refusé de rentrer à Tahiti avec la drogue. Sous l’effet de l’ice, dans son hôtel, il aurait été pris de délires paranoïaques, « il se croyait surveillé par la DEA [Drug Enforcement Administration ndlr] », raconte un témoin l’ayant croisé. Au moment d’embarquer à Los Angeles, les autorités américaines l’arrêtent. Niuhi Marere n’a rien sur lui. « Calmajis n’était pas content, j’avais patiné, il a menacé de saisir ma voiture […] J’ai foiré le voyage, mais aujourd’hui je les remercie, sans eux, je n’aurais jamais réalisé et tout arrêté. »
« En fait, je n’ai pas d’amis »
Par la suite, l’enquête démontre que d’autres mules auraient été envoyées récupérer de l’ice auprès de Tamatoa Alfonsi, au Mexique. Les écoutes téléphoniques mettent en lumière l’organisation de Nikis Calmajis, n’hésitant pas à faire appel à des gros bras pour récupérer des dettes, « pour moi, c’était lui la tête », dira un revendeur à la barre. « Il disait qu’il y avait un storage aux Etats-Unis, que Maitai Danielson laissait la drogue dedans et qu’il la ramenait dans ses valises […] les transactions se faisaient dans le parking de sa résidence. Sana [surnom de Tamatoa Alfonsi ndlr] et Maitai Danielson fournissaient tout Tahiti » raconte un autre. « Je mentais au téléphone pour me protéger d’éventuelles violences » se défend Nikis Calmajis qui reconnaît sa consommation et la cession occasionnelle « pour dépanner des amis ». « Je m’en suis pris plein la tronche parce qu’en fait, j’ai pas d’amis. » Témoin assisté dans une autre affaire de séquestration sur fond de trafic de drogue, pour lui, il est « chargé par vengeance », ce ne sont que « rumeurs et affabulations ». Pour Nikis, son seul lien est Sarah Elkaim, l’ancienne compagne de Maitai Danielson, « une bonne amie à moi, je n’avais affaire qu’à elle. »
La justice reproche aussi à Niuhi Marere d’avoir envoyé 103 000 Fcp par mandat à Tamatoa Alfonsi, « il était dans la merde […] j’étais le meilleur esclave de Tamatoa qui avait le produit ».
Aujourd’hui, le surfeur assure avoir tourné la page et s’est remis intensivement au sport. Il attend un CAES comme guide sanitaire et espère un sponsor. « Je sors la tête de l’eau. Je ne veux pas que la Polynésie ressemble à ça. La vie, c’est d’aller à la mer avec ses enfants. J’étais devenu une grosse merde. »
Il encourt jusqu'à 10 ans de prison pour tentative d'importation de stupéfiants.