Procès « sarah nui », un enseignant à la barre

Le procès de l’affaire dite « Sarah Nui » se poursuit. Les prévenus se succèdent à la barre, avec notamment aujourd’hui, Jacob Tutavae, enseignant de l'école primaire To’ata. Le tribunal l’a longuement interrogé sur ses motivations.
 
Enseignant et vendeur d'ice

Les 14 prévenus se succèdent à la barre du tribunal correctionnel, ce 2 octobre. Aujourd’hui, Bruno Tupuai dit « Tatoo », Jérôme Picard dit « Brady », mais surtout Jacob Tutavae dit « Coach ». Son arrestation sur son lieu de travail, en août 2018, alors qu’il était enseignant à l’école To’ata (Papeete) avait suscité l’émotion auprès des parents d’élèves. 

Après, 6 mois de détention provisoire, il comparaît libre sous contrôle judiciaire et raconte sa descente aux enfers. « Une consommation d’ice festive, entre amis » et, suite à « un besoin urgent d’argent », la première transaction à 9 millions de francs, confiés en petites coupures par Francis Tarano, qui échoue.

Les « acheteurs » partent avec l’argent et ne reviennent jamais avec la drogue. Jacob Tutavae explique alors avoir fait l’intermédiaire pour Francis Tarano qu’il avait connu dans le milieu du futsal, afin de « liquider » sa dette.

De la drogue qu’il dit proposer « toujours dans le milieu du sport ou de l’enseignement ». Ses nombreux changements de version agacent le tribunal. A la barre, il se perd dans ses explications et semble flou. « C’est idiot d’avoir choisi cette solution qui a détruit ma vie de famille. Pas à cause des faits que j’ai commis, mais à cause de ce qui a été relaté dans les médias. »

Jacob Tutavae ne digère pas que ses conversations téléphoniques passées depuis la prison aient pu être publiées dans la presse, notamment lorsqu’il racontait à sa compagne qu’il avait été « acclamé en héros à la maison d’arrêt » ou à ses enfants que « c’est papa le boss, ici, c’est papa qui contrôle. » « C’était pour rassurer mes enfants. C’est une phrase sortie de son contexte qui est sortie dans la presse 1 an après. »

Et lorsque le tribunal lui demande « en tant qu’instituteur et entraîneur de futsal, où est passée votre barrière morale ? » Il répond : « Cette barrière a toujours existé dans ma tête, sauf à partir de juin 2017. » Depuis, il dit avoir arrêté la consommation d’ice. Il est suspendu de ses fonctions, perçoit la moitié de son salaire et poursuit ses activités sportives.

L’ombre de Tamatoa Alfonsi

Même si le volet international de l’affaire, concernant l’importation de drogue, ne sera jugée qu’en janvier 2020, l’ombre de Tamatoa Alfonsi plane sur cette deuxième journée de procès.

Jérôme Picard, mécanicien et consommateur d’ice, raconte ainsi ses liens avec Tamatoa Alfonsi, installé au moment des faits à Tijuana (Mexique) et incarcéré depuis dans l’attente de son procès. Jérôme Picard est accusé de revendre au détail en Polynésie et d’avoir envoyé deux fois de l’argent à Tamatoa Alfonsi.

« C’est le produit que je prenais à l’époque qui m’a influencé. Tamatoa était au Mexique. C’est sûr que c’était pas pour acheter des bonbons. Quand on est fumeur, on peut espérer un petit quelque chose… » Mais Jérôme Picard se perd dans les quantités et minimise son implication. « C’est sûr qu’il y a un avant et un après ‘Sana’, en Polynésie. Avant, c’était gentillet.

C’est à partir de là qu’on a ouvert les yeux. Quand ça touche la famille, les enfants, c’est horrible. » Un repentir qui n’a pas convaincu le procureur : « mais si vous consommez toujours de l’ice, comment pouvez-vous financer ? Cela représente la moitié de votre salaire ? ».

Le réquisitoire est attendu en fin de journée ce mercredi.
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