Le projet de réforme de la garde des Sceaux, Christine Taubira, prévoit notamment un prélèvement de cinq millions d’euros en 2016 et dix millions d'euros en 2017 sur les intérêts de fonds placés dans des caisses gérées par les avocats, pour boucler un budget en augmentation. Mais tous les représentants de la profession, le CNB, le barreau de Paris et la conférence des bâtonniers, s’opposent à cette contribution financière, arguant que les avocats participent déjà largement au fonctionnement de l’AJ pour laquelle ils estiment être mal rémunérés.
L'aide aux plus démunis, une particularité polynésienne
Pour Dominique Antz, bâtonnier de l'ordre des avocats, "le CNB s'oppose à toute mesure visant à financer l'aide juridictionnelle, par les avocats eux-mêmes. C'est la solidarité nationale, c'est l'accès aux droits. Les prestations que nous faisons dans le cadre de l'AJ, nous les faisons à perte ! En tant qu'avocats, nous avons un rôle social aussi. Avant l'assistance judiciaire en Polynésie était gratuite. Nous consacrions 5% du chiffre d'affaires de notre cabinet aux plus démunis. C'est à dire entre 15 000 et 45 000 FCP, soit de 5 à 10 fois moins qu'une affaire normale, même si c'est difficile à chiffrer.
Aujourd'hui, le système métropolitain nous a été imposé".
Pourquoi les avocats du fenua ne feront pas grève
Ils sont actuellement 90 sur le territoire et leurs cabinets, comme en métropole, sont "en voie de paupérisation" car comme la société, les clients s'appauvrissent. Mais, selon Maître Antz "si on soutient le mouvement de grogne nationale, je ne suis pas à titre personnel partisan de la grève pour les avocats. Vous nous voyez aller expliquer à chaque client pourquoi on va reporter son affaire ! C'est ajouter de la grogne à la grogne. Même à Paris ou Bordeaux, il y aura un simple effet d'affichage, alors que là-bas, la réalité et que beaucoup de confrères travaillent au SMIG".