Une tentative frauduleuse d’adoption passe en comparution immédiate devant tribunal correctionnel ce lundi 15 février. Une affaire révélée par les services sociaux.
L’affaire implique un couple désireux d’adopter une petite fille polynésienne et un couple.
Les protagonistes auraient échangé au sujet de l’adoption en ne passant par aucune institution. L'un des parents adoptants a fait, en mairie, une réconnaiance préalable de paternité, devenant ainsi, le père officiel du bébé à naître au détriment de son père biologique.
Les deux couples s'étaient concertés pour agir de cette manière, pour le bien-être de l'enfant à naître, ont-ils expliqué. A la barre, le couple adoptant tente de clarifier la situation, sur sa démarche dans les quartiers, à la recherche d'une famille qui veut bien lui confier un enfant. " On ne vient pas pour kidnapper mais pour fa'a'amu, don du coeur " explique le couple en mal d'enfant.
Le délibéré de cette affaire d'adoption frauduleuse sera rendu le 25 février. Le parquet a requis 6 mois de prison ferme pour le père biologique, 12 mois de prison avec sursis pour la mère biologique, 18 mois de prison dont 12 mois avec sursis pour l'un des parents adoptants et 24 mois dont 12 mois avec sursis pour celui qui a reconnu le bébé avant sa naissance.
La méthode utilisée peut faire écho au traditionnel fa'a'mu polynésien, qui émane d’une volonté ancestrale de « créer un lien entre deux familles » et de "régler" les conflits.
" La fa'a'mu était une manière de ne pas se faire la guerre ou bien de renforcer les liens familiaux au sein d'une même famille quand une personne ne peux pas avoir d'enfants " explique l'anthropologue, Simone Grand.
Une seule façon de pouvoir adopter
En polynésie, passer par la DSFE, Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité, reste la seule façon légale d’adopter un enfant. La direction s’occupe de gérer les nourrissons à la naissance et d’évaluer la nature et les ressources des futurs parents adoptifs.
Il est impératif de vérifier qu’aucune pression mentale, physique ou financière n’est exercée entre les deux parents. Ce cas de figure n’a en outre rien à voir avec l’essence même du fa'a'amu, car le but de l’adoption ne répond pas au fait de créer un lien particulier entre la mère porteuse et les futurs parents.
Retrouvez toutes les explications de Simone Grand sur la coutume du fa'a'amu.
Simone Grand