Il y a « urgence à sauver les régimes de la caisse», c'est en substance ce qu'il fallait comprendre de la conférence de presse donnée ce matin par le ministre des finances Yvonnick Raffin.
C'est dans un exposé de près de 30 minutes, que le gouvernement a rappelé l’origine des déficits de la caisse de prévoyance sociale polynésienne.
Parmi les facteurs:
-une augmentation sensible des dépenses de santé (51 milliards en 2019)
-une population vieillissante
-l’augmentation des arrêts de longue maladie (un polynésien sur 6 - qui coûte 11x plus cher qu’un affilié de droit commun,)
-ce sont 13% de la population qui consomment 34% des dépenses de santé
-etc.
Selon les projections faites par un cabinet d’audit, sans aucune réforme, la faillite des différents régimes devrait être effective en 2023 si rien n'est fait.
Les solutions?
Entreprendre une réforme structurelle des régimes et trouver de nouvelles sources de financements.
La réforme sera d’abord structurelle.
-au lieu des 65 administrateurs titulaires actuels (+65 suppléants soit 130 en tout) ils ne devraient être plus que 15 en 2023.
-Exit la structure de « gestion de régimes actuelle pour mettre en place une structure de gestion par risque ou branche (Maladie, Vieillesse, Accident du Travail, Famille, Dépendance)
Le financement?
-Des prêts financent actuellement les déficits, mais rapidement, c’est une TVA dite « sociale » que le gouvernement devrait mettre en place rapidement. ce qui devrait générer plus de 12 milliards de revenus par an. « de quoi rembourser les prêts et assurer un retour à l’équilibre des régimes.
Une réforme, qui "devrait être totalement achevée en 2025 et pérenne pour au moins les 20 prochaines années" selon Yvonnick Raffin.
Les questions en suspens
Bien que sur papier cette réforme de la PSG semble en effet adéquate, elle soulève tout de même d'autres questions dont voici les principales:
1-C'est la "maladie" qui creuse le plus grand déficit et pourtant rien n'est encore prévu pour améliorer la santé des polynésiens. Le gouvernement botte en touche face au questionnement de la presse en mettant en avant "de futures assises de la santé" qui devraient être présentées "prochainement avec un volet sur la prévention" selon Jean Christophe Bouissou. Mais n'est-ce pas remplir un seau percé?
2-On découvre que la nouvelle "TVA sociale" devrait aussi prendre en charge le fameux "moni ru'au", le gouvernement se soulageant ainsi d'un poids certain, désormais payé par l'ensemble des consommateurs.
3-Qui dit TVA, dit taxe peu équitable. En effet ceux qui gagnent le SMIG devront ainsi payer leurs produits aussi cher que ceux qui ont des revenus plus conséquents. Cependant, quid de l'équité? Une question bien vite balayé par notre parterre de ministres et chefs de cabinets présents, qui disent haut et fort que "ceux qui en ont les moyens seront tout de même plus taxés parce qu'ils consommeront plus".
4-Le panier du consommateur lambda, déjà fortement impacté par l'inflation due aux crises économiques et politiques auxquelles viennent désormais s'ajouter le coût de la pandémie du Covid-19. Il n'est pas sûr que la petite mesure d'augmentation du SMIG récemment décidée vienne compenser l'inflation des prix. Encore une fois les foyers les plus modestes seront les plus impactés.