Vanuatu : les Asiatiques ont d'abord peuplé le pays

Site funéraire au Vanuatu.
D'après une nouvelle étude de la revue Nature, ce sont d'abord des aborigènes taïwanais et / ou philippins qui ont peuplé le Vanuatu. Le métissage avec les populations papoues n'est intervenu que plus tard.

Quatre squelettes vieux de 2 300 à 3 000 ans bousculent nos connaissances sur le peuplement du Pacifique. Des chercheurs de l'université nationale australienne ont étudié de l'ADN ancien prélevé sur ces squelettes du Vanuatu, pour trois d'entre eux, et des Îles Tonga, pour le quatrième. Trois de ces squelettes ne contenaient aucune trace d' ADN papou. Conclusion : contrairement à ce qu'on pensait jusqu'à aujourd'hui, ce ne sont pas des métis qui ont peuplé le Pacifique, ou du moins, pas dans un premier temps. Il y a eu une première vague de peuplement partie de Taïwan et des Philippines et ces aventuriers ne se sont pas attardés en chemin, affirme le chercheur Matthew Spriggs, de l'université nationale australienne :

« Ce que ça veut dire, c'est que les premiers hommes à être arrivés au Vanuatu étaient des Asiatiques qui ne s'étaient pas mélangés avec d'autres peuples. Et ensuite, au cours des siècles qui ont suivi, d'autres peuples les ont rejoints, des gens de Nouvelle-Guinée et des Îles Salomon - des pays habités depuis 50 000 ans -, et c'est ce qui a donné lieu à la population vanuataise qu'on connaît aujourd'hui. »

Tous les îliens du Pacifique sont le résultat de ces vagues de peuplement. Pour Matthew Spriggs, il faut donc arrêter de distinguer les Mélanésiens des Polynésiens :

« La seule différence entre un Polynésien et un Mélanésien, c'est leur pourcentage de gènes asiatiques. Tous les Polynésiens ont au moins 26% de gènes papous, ils sont donc, eux aussi, le résultat d'un métissage entre Asiatiques et Papous. Je pense qu'il faudrait arrêter d'employer ces termes et appeler tout le monde îliens du Pacifique ou Pasifika. »

Les analyses génétiques menées par les chercheurs australiens montrent, par ailleurs, que les premiers Papous à avoir rejoint les Asiatiques en chemin étaient principalement des hommes, qui se sont mis en couple avec des femmes asiatiques. Pour le moment, on ne sait pas précisément quand ce métissage a commencé.

Ces découvertes scientifiques pourraient se révéler très utiles, souligne Matthew Spriggs :

« Une fois que vous avez les gènes des ancêtres, vous pouvez commencer à vous pencher sur certains problèmes médicaux que l'on connaît dans le Pacifique - propension élevée à développer un diabète, par exemple, et voir si c'est quelque chose qui se transmet depuis 3 000 ans ou plus. »

L'article de Nature est publié en anglais : Genomic insights into the peopling of the Southwest Pacific


Elodie Largenton / ABC Radio Australia