7 et 8 années de prison pour avoir tué leur enfant

Les parents jugés depuis 3 jours aux assises ont été reconnus coupables de violences volontaires sur leur bébé de 1 an décédé en 2015. Ils ont été condamnés à 7 ans de prison pour la mère et 8 ans pour le père. Les jurés ont estimé que les responsabilités n’étaient pas identiques.

 
Leur bébé est décédé à 1 an d’un hématome sous-dural et d’un œdème pulmonaire. 5 ans plus tard, les parents sont reconnus coupables par la justice pour les mauvais traitements infligés. Ils ont étés condamnés à 8 ans de prison pour le père. Il a été reconnu coupable de violences volontaires avec circonstances aggravantes en tant qu'ascendant. Pour la mère, 7 ans de prison. Elle est reconnue coupable de violences ayant entrainé la mort sans l'intention de la donner avec circonstances aggravantes en tant qu'ascendant. Les 2 devront avoir un suivis socio-judiciaire pendant 3 ans.

 

Des réquisitions sévères


Dans la matinée, l’avocate générale avait bien distingué les responsabilités du père et de la mère. Pour la représentante du ministère public, c’est la mère qui est responsable du secouement mortel du bébé. Pour ce crime, elle avait requis 20 ans de prison. Elle estimait que le père, lui, est responsable des coups volontaires. Pour ce délit, elle avait requis 8 ans ferme.

Personne n’a vraiment pris la défense de cet enfant, personne n’a empêché qu’il ne meure sous les coups et aujourd’hui, personne ne plaidera pour lui

...faisant allusion à l’absence de partie civile censée représenter la mémoire de la victime.
 

On n’a pas d’argent pour nourrir son enfant, pour le transporter aux consultations médicales ou lui offrir un lit plutôt qu’un chariot de supermarché. Il est plus important de jouer au bingo pour madame ou de fumer du paka pour monsieur

Et de préciser « être un bon ou un mauvais parent n’a rien à voir avec les capacités financières ».  Et de rappeler le parcours médical du bébé : une première fracture à 2 mois « que l’on masse, imaginez la douleur, avant de finalement l’emmener à l’hôpital ». Puis, une deuxième fracture non soignée « et l’atroce douleur pendant des jours et des semaines ». Puis, le premier secouement « 10 fois plus douloureux qu’une grosse migraine ».
Pour l’avocate générale, si les parents n’expliquent pas la plupart des blessures, il n’empêche qu’elles ont été faites, sur « un enfant qu’on n’a pas voulu, dont on avait honte ».
Elle avait appelé les jurés à une très lourde peine et une obligation de soins, afin de prévenir le risque de récidive « qui voudrait dire tuer un autre enfant ».
 

Un contexte de violences conjugales


L’avocate de la mère, Me Myriam Toudji, s’est dite « surprise » de l’extrême sévérité des peines requises. Elle a par ailleurs regretté que ni le médecin du Centre Protection Infantile, ni les services sociaux n’aient été entendus.

Evidemment, la mère aurait dû et pu faire beaucoup mieux, mais ce n’est pas la mère violente que l’on vous présente […] La réalité, c’est qu’elle élevait toute la journée seule un enfant pour se retrouver sous les coups de son conjoint quand il revenait du travail

Pour Me Toudji, il n’est pas possible de mettre de côté, la jeunesse et l’extrême pauvreté qui expliquent le contexte « quand on appelle le père pour lui dire que son enfant est hospitalisé dans un état grave, qu’il voit passer l’ambulance et qu’il n’a même pas de quoi se payer le bus, qu’il doit aller à pieds à l’hôpital. »

Personne n’était là ce soir-là » [la veille du décès de l’enfant ndlr]. « Pourquoi le père serait-il dédouané et la mère responsable ? 


Pourtant, la mère a reconnu 3 fois au cours de la procédure qu’elle passait ses nerfs sur ce bébé, qu’elle le secouait violemment pour se défouler. « L’histoire judiciaire française est remplie de gens qui ont avoué des crimes qu’ils n’ont jamais commis. »
Pour Me Toudji, son intime conviction est que l’enfant a reçu des coups lors d’un nouvel épisode de violences conjugales, la veille du décès de l’enfant. Elle a demandé aux jurés des peines allant entre 3 et 5 ans de prison : « n’ajoutez pas à la peine et à la honte de la mère, l’injustice. »
 

« Un papa poule »


L’avocat du père, Me Adrien Huguet, a rappelé que son client était décrit comme « un papa poule. Certes, un terme un peu exagéré, on ne peut pas dire qu’il était aux petits soins, mais il s’opposait aux maltraitances sur les enfants. » Pour son avocat, même s’il se perd dans les dates, le père n’est pas un menteur : il assume son alcoolisme, reconnaît les violences conjugales même avec le bébé dans les bras. Mais jamais, le père n’a pu secouer le bébé, « frappé par inadvertance et jamais directement visé par les coups. »
 

« Je demande pardon à mon fils »


A la fin de l’audience, les parents ont de nouveau exprimé leurs regrets. « On ne l’oubliera jamais, a commencé le père. Je voudrais devenir un meilleur père et un meilleur tonton. J’aime toujours mes enfants. Je ferais tout pour rendre heureux mon aîné et je ferais un effort pour tout changer, aller de l’avant. A ma sortie de prison, j’irais chercher du travail pour que mon aîné soit heureux. » La mère a également pris la parole une dernière fois, versant quelques larmes :

Je demande pardon à mon fils pour tout ce que nous avons fait. Je pense à lui tous les jours. J’ai aimé cet enfant et je l’aimerais toujours. Il aurait pu être un beau garçon avec son grand frère, comme il le méritait.



En général, 20% des bébés secoués décèdent. Parmi ceux qui survivent, 60% en garderont de lourdes séquelles, comme un handicap ou une paralysie.