" Si tu crois en toi, tu peux le faire ! " C’est ce que dirait Laëtitia Leme, joueuse de football, aux petites filles désireuses de pratiquer ce sport encore si masculin. Mais c’est aussi sûrement ce qu’elle s’est dit lorsque, en 2016, elle est entrée pour la première fois sur le terrain de l’AS Wetr, à Rivière-Salée. Elle a alors douze ans et aime le sport. Elle veut aller plus loin. Sa mère l’inscrit dans ce club. Mais le jour J, sur le terrain, il n’y a que des garçons. " J’avais le trac, j’étais stressée, mais finalement ça c’est bien passé. " Laëtitia reste presque deux ans dans cette équipe masculine. " Il y a des stéréotypes, comme de dire que le foot, c’est pour les garçons. Mais moi, je n’avais pas cette mentalité. Il fallait quand même être forte, se démarquer pour être titulaire. " Lorsque l’Asaf, l’Association sportive academy féminine est crée, Laëtitia intègre le club, en 2018. " J’étais contente de voir d’autres filles jouer. Nous avons vite créé des liens d’amitié. " Car l'’Asaf, c’est bien plus qu’un club de football féminin. C’est une deuxième famille. L'association propose aux joueuses de l’aide aux devoirs, des sorties culturelles, des découvertes d’autres sports ou encore un coaching des plus jeunes et des voyages sportifs. Ainsi, Laëtitia Leme progresse, tout comme son équipe. Début octobre, l’Asaf remporte, pour la deuxième année consécutive, la Coupe de Calédonie. Quelques mois plus tôt, en juin, l'équipe remportait la première édition de la O'League féminine, en Papouasie Nouvelle-Guinée. " C’était très intense, et très enrichissant. Voyager ensemble a permis de renforcer les liens ", explique Laëtitia Leme.
Des rêves d’Amérique
Il y a aussi, parfois, les défaites, comme en U16, son premier match avec l’Asaf, perdu face à Païta. " Une déception. " Ou les qualifications pour la Coupe du Monde U19, disputées à Fidji, " nous n’avons pas été vainqueurs... Cette fois-ci ! " Mais cela ne semble pas trop déstabiliser la jeune sportive, fonceuse et toujours motivée. À limage de son jeu sur le terrain. " Je joue en latéral gauche. Je cours beaucoup. Je défends. Je n’aime pas perdre le ballon. Je me dévoue à mon équipe. " Laëtitia Leme, qui dit ne pas trop aimer parler, l’affirme avec assurance : les footballeuses devraient être plus reconnues, car " elles ont des qualités que les hommes n’ont pas. Elles s’écoutent sur le terrain, ont de la combativité et elles simulent moins ! " rigole la jeune femme. De la volonté, Laëtitia Leme en a. Et il en faut pour accomplir les rêves qu’elle projette. Comme celui de jouer comme professionnelle aux États-Unis. " Ce sont les meilleures. " Si ce n’est pas aux États-Unis, ça pourra être en Australie ou en France, tant qu’il y a " un grand terrain et des supporters ! " Ce qui compte, c’est de toucher du doigt son rêve d’une carrière pro, comme ses idoles, Selma Bacha, joueuse à l’Olympique Lyonnais, " je suis fan ! ", ou Lionel Messi. " J’adore aussi le FC Barcelone, ils ont un jeu collectif, font beaucoup de passes. "
Études et droits des femmes
" Il ne faut pas trop se poser de questions, conclut Laëtitia Leme, ne pas écouter les autres, y croire, car rien n'est impossible, tu peux réussir ! "
Même si le football est sa passion et son rêve professionnel, Laëtitia Leme ne perd pas de vue ses études. En deuxième année de BTS Support à l’action managériale au lycée Blaise Pascal, elle ne participera pas aux Jeux du Pacifique ce mois de novembre, malgré sa sélection. Examens oblige. Finalement, la jeune femme de 19 ans ne fait pas de différence entre les études et sa carrière professionnelle rêvée de footballeuse. Les deux avancent de concert. L’an prochain, elle se projette en licence professionnelle dans l'Hexagone, ou dans un bachelor en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Des pays où elle pourra jouer au foot, et peut-être " piquer dans l’œil d’un sélectionneur ". Devenir professionnelle, c’est rendre fière sa famille, qui l’est déjà beaucoup. C’est rendre fier son pays. C’est être fière d’elle-même et de son parcours. Mais c’est aussi participer à changer les stéréotypes et prouver que tout est possible.