Beaucoup le surnomment « le King ». Matahi Barff est passionné de musique. Durant 29 ans, il a fait danser de nombreux Polynésiens. La musique est un moyen pour lui de s’exprimer.
"La musique elle est vivante. C'est un art. Tu peux lui parler, tu peux tout lui confier."
Matahi Barff - musicien chanteur
C’est son papa qui va lui faire découvrir le milieu musical. Matahi se souvient du jour où son père est revenu à la maison avec un clavier : "Il l'a acheté chez But. Et j'ai vu ce truc-là, ça m'a plu. J'ai commencé à jouer, après de fil en aiguille, je me suis attaché à ça. J'ai pris des cours avec Étienne. Ensuite, j'ai appris sur le tas."
Il commence à jouer de la musique à l’église puis dans les kermesses de l’école. Et puis un jour, il monte un groupe avec des amis. Il raconte : "à l'école, on avait un band à l'époque, avec Teiva LC et Jonathan Fuller. La plupart des musiciens viennent tous de cette école : NDA [ndlr : Notre-Dame des Anges à Faa'a], on a commencé la musique là-bas, dans l'église. Et après, j'ai commencé au Bel Air."
Sa notoriété prend de l’ampleur. En 2000, il fait ses premiers pas au Royal Kikiriri, Matahi s'en souvient comme si c'était hier :
"À l'époque on avait des petits trucks, tous les soirs 24 heures sur 24. Je n’avais pas encore mon permis, quand j'allais au Kikiriri, je prenais ces trucks. Tous les soirs, mon clavier dans une main, mon sac à dos dans l'autre. 120 francs le truck pour aller en ville. Et à la fin de la soirée ce sont les copains qui me ramenaient."
Et le travail paye. Les noctambules se déplacent en masse quand il est dans la place. Peu à peu, le jeune chanteur tombe dans les dérives du milieu. "Il y a eu des hauts et des bas. De l'alcool, les femmes, la drogue. Mais après, moi je dis, tu es obligé de passer par là, pour voir ce que c'est. Ma femme, ma famille et le Bon Dieu m'ont ramené sur le droit chemin. Ce n'est pas une vie, surtout quand tu as une petite famille. Il fallait que je fasse un choix. Et pour remercier le Seigneur j'ai chanté cette chanson : convertissez-vous !" raconte Matahi.
En 2007, il quitte le Royal Kikiriri et lance son propre groupe avec son petit frère Manuarii, les 2B Brothers. Et quand il a fallu choisir le nom, Matahi n'a pas hésité : "En fait moi je suis fan de The Doobie Brothers et de leur titre "Listen to the music". J'ai fait la liaison entre Doobie et to be, two be : les deux frères Barff. Et Tommy, c'est un Barff aussi."
23 ans plus tard, les 2B Brothers continuent d’animer les soirées polynésiennes. Quelques fois, Matahi Barff chante en duo avec d’autres artistes, car pour lui : "la musique, c'est un partage. Il y a beaucoup d'étrangers qui chantent ensemble et il faut qu'on ait cette mentalité aussi, de partage, parce que moi je dis qu’on a du travail pour tout le monde."
À 43 ans, Matahi n’est pas près de décrocher. Pour lui, il est important de vivre avec son temps et la musique c’est pareil. Il conclut : "C’est pour ça, quand on me dit c'est différent la musique d'avant, je réponds oui, mais la musique d'avant, c'est avant. La musique d'aujourd'hui a évolué et la musique de demain va évoluer encore. Ça ne va jamais arrêter."
Cette année, les 2B Brothers nous réservent quelques surprises, avec trois nouvelles compositions qui sortiront bientôt.