[PORTRAIT] Tuariki Teai, 14 ans, jeune prodige du orero

Lors de la célébration des 30 ans du Ta'upiti Ana'e.
Rien qu’en écoutant un orero à la télé, le jeune Tuariki Teai est tombé sous le charme de cet art. Elève prodige du regretté John Mairai, à seulement 14 ans, Tuariki a déclamé plusieurs orero lors de diverses cérémonies et son talent est reconnu un peu partout au fenua.

En 2017, pendant le Heiva, Tuariki n’avait que 7 ans. Ecouter les histoires que lui racontait sa grand-mère maternelle, était son passe-temps favori.
Mais là, un soir, il entend une nouvelle langue et reste scotché par la prestation de l’oratrice…"Elle mettait du coeur, elle mettait de la vie dans le orero, c'est vraiment le premier paragraphe, le premier orero qui m'a vraiment touché", dit le garçon.

Avec John Mairai, quand Tuariki avait 7 ans.

 
De fil en aiguille, John Mairai le prend sous son aile et lui apprend les ficelles du métier d’orateur. Tuariki a trouvé son élément. Même s’il ne parle pas un mot en tahitien, le jeune persévère et c’est avec l’aide de sa maman, Virginie, qu’il évolue. "On lisait les phrases, je voyais la traduction, parce que je parle pas tahitien non plus, je baragouine, puis avec ça on travaillait l'intonation, la gestuelle, comment il fallait que ce soit entendu. J'allais aussi voir ma maman pour voir si j'avais vraiment compris ce qu'il fallait, et après c'était de l'appris par coeur, quand il allait sur scène", reconnaît Virginie.

John son guide

"Je ne comprenais pas un mot de ce que je disais, John avait fait ça exceptionnellement pour moi, il faisait un côté en tahitien sur la feuille, et un autre côté en français pour que je comprenne aussi. Je pense qu'à 7 ans, je savais lire mais un peu", avoue Tuariki.

Et par la même occasion, le jeune garçon s’attache à son professeur. Enfant d’un couple séparé, le jeune Tuariki retrouve en John Mairai une figure paternelle : "mon papa n'était pas là dans mon enfance, il est parti quand j'avais 2 ans, John m'a apporté cet amour paternel, c'est pour ça que je dis que John c'est mon papa faaamu...John était quelqu'un de dur, c'était ça qui faisait fuir les élèves. Mais moi je suis resté jusqu'à la fin".

Quelques années plus tard, avec John Mairai, qu'il considère comme son père adoptif.

Depuis la disparition de John Mairai, Tuariki poursuit ses rêves en mettant en pratique tout ce qu’on lui a appris.
Un jeune garçon ambitieux qui aimerait enseigner le reo tahiti, plus tard, et pourquoi pas réadapter la pièce de Molière, "le malade imaginaire" en tahitien, comme l’a fait son mentor avant lui.

Le reportage de Corinne Tehetia :