Pou sa lajòrnen kréyòl a, Rakaba bay éli-ya roun dikté*

L'association Rakaba a proposé une dictée en créole aux élus de Guyane
Pour la première fois, les élus de la Collectivité territoriale de Guyane, ou des communes, ont composé sous la houlette de l’association Rakaba pour sa désormais traditionnelle « dikté kréyòl ». L’opération se déroulait ce lundi matin, à l’occasion de la 41ème Journée internationale de la langue créole.

Ils étaient peu nombreux, mais studieux. Ce lundi 28 octobre, des élus de Guyane ont pris par une dictée créole organisée par l’association Rakaba et le Pôle culturel de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG). La fameuse dictée de Rakaba commence à devenir une tradition. Mais pour une fois, ce n’est pas le grand public qui y a été convié, mais des élus de Guyane, de la CTG ou des communes du département. Le choix n’est pas anodin à entendre Rosange Firmin Jadfard, présidente de Rakaba. « Nous avons déjà proposé une dictée à Cayenne et à Kourou, nous avons des projets pour Saint-Laurent, Régina… Là, nous avons choisi de cibler les élus dans la continuité des travaux que nous avons déjà entamé avec eux. Nous souhaitons qu’ils prennent conscience que la langue et de la culture créoles, ce ne sont pas que des danses. Il faut aussi s’engager pour écrire et lire le créole. » Cette volonté de mettre en lumière les origines créoles d'une partie de la Guyane est l'essence même de l'association dont le nom, Rakaba, figure les racines d'un arbre.
La présidente de Rakaba rappelle que dans le cadre de la loi Molac, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, plusieurs actions sont à la portée des élus locaux. « Ils peuvent, par exemple, indique Rosange Firmin Jadfard, décider de mettre les panneaux signalétiques en français et en créole ».

Rosange Firmin Jadfard, présidente de l'association Rakaba

Il faut aussi s’engager pour écrire et lire le créole

Rosange Firmnin Jadfard

Sous la dictée de Jeanne Azor, membre de Rakaba, les élus ont démarré leur exercice, après quelques explications sur les principaux pièges du créole, données par Robert Loe-Mie, lui aussi membre de l’association. Presque sans surprise, Rakaba a choisi un extrait d’Atipa, premier roman guyanais en langue créole, publié par Alfred Parépou, en 1885.

Au moment de poser les stylos, tout le monde semblait satisfait de l’exercice… sans pour autant être sûr de sa réussite. « J’ai voulu dépasser mes appréhensions, résume Violaine Ribal Machichi-Prost, élue à la CTG. La dictée était lue très distinctement pour nous permettre d’éviter certains pièges et j’espère avoir pu le faire. » Heureuse d’avoir pris part à cette première dictée sous ce format, l’élue caresse un rêve « une dictée dans toutes les langues de Guyane. »

Tandis que les corrections étaient effectuées, Rakaba a remis les prix du concours de poésie lancé pour la Saint-Valentin. Pour la première fois, les poèmes des 27 participants sont édités dans un livret : Kasé tibwa a zòrè.

Trois élus se sont distingués lors de cette dictée : Marie-Hélène Paillé- Jérôme, première (dòkò), Samantha Cyriaque, deuxième (pézan) et Tony Lowinsky, troisième (vayan). Pour vous tester, vous trouverez le texte de la dictée ci-dessous.

*Pou sa Lajòrnen kréyòl a, Rakaba bay éli-ya oun dikté: Pour cette Journée du créole, Rakaba donne une dictée aux élus

Trois élus se sont distingués et reçoivent leur prix des mains de Annie Robinson- Chocho: (de g. à dr.) Tony Lowinsky troisième (vayan), Samantha Cyriaque, deuxième (pézan) et Marie-Hélène Paillé- Jérôme, première (dòkò)

Dorilas ka doujnen koté Atipa

 

A kisa ki mizé to konsa ? Doumandé Dorilas. Li midi pasé, a pa di jodla to fanm ka antann to. É momenm, a fen mo fen. Mo vant ka fè tchoum kaba.

A kanmarad ki tardé mo ! Réponn Atipa.

Atipa ka rété bò di Bwa krobo, laba la lari trwa kaz.

Mo chè Dorilas, mo pa trouvé zafè ka alé vit Kayenn ! Di Atipa.

Dipi nou ka voté a, mo pa ka wè chanjman. O kontrè zafè ka alé pli mal. Li gen oun ta pòpòt, chinwa, arab, tout djab ; yé pa ka fè anyen.

I gen sa mo ka kontré a lari, anba parasòl. To wè kichoz konsa ? Soda kazèrn ki lib kou nou, pa gen drwè maché ké parasòl, pòpòt gen drwè. Gadé mo kaz, li a dé pa lala, mé nyanpwen (gnanpwen) chimen. Fo nou pasé jouk asou krik. Oun mové piti bout lari konsa, ès a gran zafè sa ?

Soumaké yé voté pa té ké pi byen pou lévé kartché Bwa krobo a ?

Ankò, yé pa té benzwen si tan. Lò yé chanjé tout lari-ya di non, yé krè yé fè gran kichoz. Mapyòkò ! Ankò ki non sa ? Yé ka bay oun ta non nou pa konnèt. Li gen isi a oun lari travèsyè ki pa ka travèrsé anyen ditou.