Préavis de grève à Saint-Laurent-du-Maroni : la mairie face à une possible crise sociale

La mairie de Saint-Laurent-du-Maroni, épicentre de la crise qui secoue la municipalité.
À Saint-Laurent-du-Maroni, le syndicat UTG a déposé un préavis de grève illimitée le 23 août 2024. En parallèle, des conseillers municipaux dissidents ont interpellé la maire Sophie Charles sur des irrégularités au sein de la gestion communale. La tension monte, laissant craindre une paralysie des services municipaux.
Les locaux du service technique de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, potentiellement impactés par le préavis de grève déposé par le syndicat UTG

La mairie de Saint-Laurent-du-Maroni est au cœur d’une tourmente politique et sociale qui pourrait prochainement déboucher sur une grève illimitée des services communaux. Le 23 août 2024, le syndicat UTG (Union des Travailleurs Guyanais) a déposé un préavis de grève illimitée, dénonçant plusieurs manquements graves dans la gestion du personnel communal. Parmi les revendications des représentants du personnel, la mise en place de l’Indemnité de Fonctions, de Suggestions et d’Expertise (IFSE) pour revaloriser les conditions de travail des agents est l’une des principales demandes. Ce préavis n’est cependant que l’une des facettes d’une crise plus profonde qui secoue la mairie.

Le même jour, un groupe de conseillers municipaux de la majorité, se qualifiant de dissidents, a adressé une lettre à la maire Sophie Charles pour demander des éclaircissements sur plusieurs affaires jugées préoccupantes. Selon ces élus, l’un des Directeurs Généraux Adjoints (DGA) de la mairie aurait procédé à des actions controversées, telles que la suppression d’un dossier de nomination de quatre agents lauréats du concours de Rédacteur et la modification de la rémunération d’au moins deux agents, dont l’un serait un proche.

La mairie de Saint-Laurent-du-Maroni, où des tensions grandissent suite au dépôt d’un préavis de grève par le syndicat UTG

Les conseillers municipaux expriment également leur inquiétude face à un climat de travail détérioré, évoquant des plaintes récurrentes sur le comportement autoritaire du DGA en question. Ils demandent l’activation de l’article 40 du Code de procédure pénale si les faits s’avèrent vérifiés, pour signaler ces possibles infractions.

Par ailleurs, la lettre soulève des questions sur la gestion de la Directrice des Affaires Financières (DAF), dont la présence à son poste serait jugée insuffisante et dont les nouvelles responsabilités semblent injustifiées. Ces élus pointent aussi du doigt des dysfonctionnements dans l’organisation du télétravail, la gestion des cotisations sociales, ainsi que la non-mise en œuvre des tickets-restaurant promis aux agents.

Réaction de la municipalité

Face à la situation tendue, la maire Sophie Charles a réagi par une note adressée aux directeurs, chefs de service et agents de la collectivité. Dans ce document, elle rappelle que la nouvelle délibération concernant l’Indemnité de Fonctions, de Suggestions et d’Expertise (IFSE) est prévue pour décembre 2024, avec une application en 2025. Elle précise également que la procédure de promotion interne mutualisée, qui fait l’objet de critiques, est régie par les lignes directrices de gestion du Centre de Gestion de la Guyane depuis janvier 2021. La maire affirme que la municipalité reste à l’écoute des agents et continue de travailler à l’amélioration des conditions de travail.

Une réunion infructueuse

Ce lundi 26 août, les élus, dont la maire Sophie Charles, ont rencontré une délégation du syndicat UTG pour tenter de désamorcer la situation. Cependant, la réunion a rapidement tourné court, sans qu’aucun accord ne soit trouvé, notamment sur la question de la revalorisation salariale du personnel. Déçus par l’absence de progrès, les représentants syndicaux ont quitté la table des négociations, laissant entrevoir une grève imminente si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Nous avons tenté de joindre un représentant de la ville via le service de communication pour obtenir un retour sur la situation. La municipalité, par la voix de la maire Sophie Charles, a précisé qu’il ne s’agissait pour le moment que d’un préavis de grève et a indiqué qu’elle préfère ne pas s’exprimer davantage sur ce sujet, en se référant aux éléments de réponse déjà fournis au personnel.