Dans l’une des salles animées du Centre Social Makandra, les artistes des Outre-mer répètent avec passion, unissant leurs voix et leurs instruments. Le Festival International du Conte Paul-Henri Gérard, célébré depuis 18 ans, met en avant cette résidence comme un lieu d’échange et de transmission où chaque artiste apporte ses influences, et où les traditions se rencontrent pour créer une œuvre collective.
Patrick Alphonse, coordinateur de cette résidence, décrit cette expérience comme un « mélange harmonieux » de cultures.
C’est la première fois que je vois une telle synergie entre des artistes d’univers aussi variés. C’est un spectacle vivant qui se prépare, une invitation pour les habitants à découvrir la beauté de ce brassage musical
confie-t-il.
Parmi les artistes, Steve Suédile, alias Diso, percussionniste martiniquais, voit cette résidence comme une occasion de s’ouvrir à de nouvelles influences.
Rencontrer des musiciens d’autres horizons est une richesse. Ici, je collabore avec des pianistes, bassistes et percussionnistes. C’est une expérience d’apprentissage intense, qui m’apporte énormément.
La résidence prend aussi une dimension intergénérationnelle avec des figures emblématiques telles que Camille Hildevert, surnommé Camille Sopran’n. Ce saxophoniste de renom, ancien membre des légendaires Vikings de la Guadeloupe, partage son expérience :
Être ici, c’est comme un retour aux sources. Je retrouve des sons familiers, mais la jeunesse y ajoute une touche nouvelle. Ce mélange de générations et d’influences musicales, c’est la force de cette résidence.
Quant à Pierre-Édouard Décimus, cofondateur du groupe Kassav' et encadrant de la résidence, il parle d’un échange aussi enrichissant pour lui que pour les jeunes artistes.
Je viens pour transmettre mon expérience, mais finalement, c’est moi qui apprends de ces jeunes talents. Leur passion et leur maîtrise m’étonnent chaque jour.
Cette résidence artistique dépasse les simples frontières musicales. Émilie Dallet, venue de l’Île de la Réunion, espère repartir enrichie des cultures antillaise et guyanaise.
Cette rencontre permet un partage authentique de nos identités, un croisement de nos univers qui crée une fusion inattendue.
À quelques jours du concert final, Aymerick Letard, chef d’orchestre du projet, souligne le défi que représente cette cohabitation musicale.
Rassembler des traditions si diverses n’est pas évident, mais la qualité et l’écoute des musiciens rendent cette fusion possible. Le public de Mana aura droit à une restitution pleine de surprises.
Le 9 novembre, cette résidence se clôturera avec une performance vibrante, où chaque artiste apportera son identité et son héritage culturel, créant une œuvre commune riche de sens et de diversité.