L’événement se tient ce soir à guichets fermés. Face au 250 chanceux ayant eu le temps d’avoir leurs tickets d’entrée, trois candidats seront sur scène pour le premier show proposé par l’association Kourou Queer. « Tout est parti d’une discussion entre amis au sujet de l’émission Drag race France, indique Yoan Gosse, président de Kourou Queer. On s’est dit que ce serait pas mal de faire un concours ici aussi. » L’idée, lancée à la rigolade au départ prend forme et le groupe décide de se constituer en association.
Un show complet
Dès ce soir 20 heures, le public aura droit à un show complet, présenté par La Spicy. En plus des épreuves pour départager les trois candidats ayant été retenus lors d’un casting, des associations locales proposeront des prestations variées entre danse, chant, humour et théâtre. Parmi elles : Autentic dance, de Kourou, qui proposera du voguing. Cette dans urbaine, née dans les clubs gays des années 70 et consistant à faire en marchant des mouvements inspirés des poses de mannequins lors des défilés. « Sur scène, il y aura deux drag queen, indique Yoann Gosse : la Monarque, de Cayenne et Vera Darling de Kourou. Nous aurons aussi un drag king, c’est-à-dire une femme qui se transforme en homme : Steeve Mc King. »
Pour Kourou Queer, cette soirée vise à donner la parole et de la visibilité à des personnes de la communauté LGBTQIA+ en leur offrant un espace d’expression scénique. Elle a aussi pour objectif de faire découvrir l’art du drag à un public, membre ou non, de la communauté LGBTQIA+.
Si le point de départ était ce concours de drag, rapidement, des axes d’actions moins festifs ont été définis. L’ADN de Kourou Queer, ce sera d’abord la sensibilisation en direction des adultes et des jeunes. « Nous voulons aussi être une association repère pour les adultes et mettre en place un point d’écoute et un annuaire de safe places ». Déjà en place dans d’autres territoires, ce type d’annuaire compile les lieux et associations où les personnes LGBTQIA+ peuvent se rendre sans craindre d’être discriminées pour leur orientation sexuelle.
« Donner un coup de pied dans la fourmilière »
En élargissant la présence d’acteurs LGBTQIA+ en Guyane, la jeune association souhaite participer à la visibilité, l’inclusion et le soutien des personnes de sa communauté. Si ce premier spectacle se tient à guichets fermés, le président de l’association est bien conscient qu’il y a encore du chemin à parcourir pour y parvenir. « On n’arrive pas vraiment à recenser des actes homophobes, mais on peut ressentir certaines réticences : il y a des remarques, des gens se cachent… On a aussi eu des insultes lors qu’on a commencé à communiquer sur cet événement. »
Un soin a été apporté à la sécurité : des agents ont été recrutés et la gendarmerie prévenue. Mais Yoann Gosse est serein : « nous n’avons pas la peur au ventre. Le but c’est d’être vu, de donner un coup de pied dans la fourmilière et permettre que les jeunes puissent se voir et s’identifier. »