Depuis près de deux ans, c’est à l’appontement du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) à Kourou, que Fred passe la majeure partie de son temps pour ce projet. Ne lui parlez pas de folie car pour celui qui exerce dans le domaine maritime depuis près de 24 ans en Guyane, "la folie c’est de garder les pieds sur terre".
C’est à bord d’un voilier de 11m de long et de 4m de large qu’il compte réaliser ce tour du monde avec comme seul moteur "la force du vent". Un voilier de 5 tonnes, construit en bois recyclable, avec lequel ce passionné va traverser les océans Atlantique, Indien et Pacifique pendant sept mois, entre septembre 2024 et mai 2025.
Le parcours ? Celui du Vendée Globe pour "plus de sécurité. Il y aura les autres participants et puis l’assistance de cette course" confie ce dernier. Un parcours de 45 000 km semé d’embûches, entre le Cap de Bonne-Espérance, le Cap Leeuwin et le Cap Horn. Il devra composer avec le vent, les vagues, la houle et les glaces.
Le skipper va partir de Kourou début mai, direction la Martinique pour continuer la préparation du bateau, avant de faire la transatlantique jusqu’à Bénodet, en Bretagne, lieu de son départ le 7 septembre prochain.
Le défi personnel d’une vie
Sur son voilier, Fred Lachot sera seul, sans assistance et ne compte pas faire d’escale. Il sera toutefois en contact permanent avec une équipe de six personnes qui resteront à terre. "Je vais devoir réparer moi-même les avaries et me soigner seul en cas de maladie ou de blessure. Dans ce dernier cas, j’utiliserai l’assistance à distance des médecins du Centre de Consultation Médical Maritime de Toulouse". Côté technique, si le besoin se fait sentir, le skipper compte "consulter le cabinet d’architecte du bateau ou leur équipe technique afin de m’informer du meilleur mode opératoire pour mener à bien une réparation".
Je me suis lancé ce défi car j’ai toujours été en mer pour le travail. Je veux pouvoir me dire que je l’ai fait dans ma vie. J’ai aussi envie de le faire avant d’être trop vieux. A quelques mois du départ, je veux juste y aller. J’ai hâte !
Fred Lachot
Fred Lachot allie son projet à la pédagogie. Il sera suivi à distance par des jeunes de Guyane avec qui il partagera son aventure pendant tout son tour du monde. "Plusieurs classes sont déjà impliquées dans cette aventure. Une classe de CM2, une classe ULIS (Unité Localisée pour l’Insertion Scolaire) de l’école Victor Schœlcher de Kourou suivra également cette aventure, ainsi que l’IUT de Kourou intéressé par les aspects énergie et communications".
"Cela fait déjà deux ans que je prépare le bateau"
L’ancien sapeur-pompier a essayé de penser à tout dans les moindres détails. "Cela fait déjà deux ans que je prépare le bateau. Il a fallu l’accord de mon entreprise pour une disponibilité de sept mois, réaliser un bilan de santé complet et puis établir un bilan financier puisqu’il s’agit de mes fonds propres".
Pour couvrir ses dépenses, le skipper essaie de réunir 70 000 euros à travers le lancement d’une cagnotte.
Cette somme est essentielle pour financer une partie des surcoûts d’assurance, la préparation technique du voilier qui comporte le carénage en mode compétition, le remplacement complet des 3 voiles, du grément, des protections de cockpit contre les embruns, la pluie et le vent, l’installation des moyens de communications et le coût des transmissions téléphoniques avec envoi d’images et vidéos, le matériel de sécurité indispensable, les pièces de rechanges et outillages portatifs, le dessalinisateur, l’hydrogénérateur, la pharmacie de bord et le matériel médical embarqué...
Fred Lachot
Au-delà de l’aspect financier, et une fois les autres voyants au vert, "j’ai informé ma femme pour lui dire que ça y est, je peux le faire. Elle m’a grondé car elle était la dernière à être mise au courant" sourit-il. "Elle me connaît, elle sait que j’allais lui annoncer un projet comme celui-ci après avoir bourlingué partout en mer" ajoute Fred Lachot.
C’est d’ailleurs son épouse qui a la charge de l’avitaillement : un total de 30 sacs remplis de conserveries entre autres. Un sac de nourriture peut lui permettre de tenir une semaine.
Le secteur maritime au cœur de son parcours professionnel
Fred Lachot n’est pas un amateur. La mer, il connaît. "Mes premiers bords en bateau remontent à plus de 30 ans. Je découvre réellement la mer en arrivant en Guyane en 1992 lorsque je suis muté pour quatre années au Centre Spatial Guyanais en tant que Pompier de Paris".
J’ai découvert le monde de la plaisance grâce à un ami qui possédait un voilier. Cela m’a ouvert un champ infini sur la navigation et les possibilités de voyages illimités au moyen d’un voilier en totale autonomie.
Fred Lachot
Après une reconversion professionnelle dans le maritime, il revient en Guyane en 2000 où il ouvre la première école de voile sur voiliers habitables. "Ensuite, les choses se sont enchaînées rapidement : achats de voiliers, cours de voile 12 mois sur 12, missions scientifiques maritimes, compétitions…"
À ce jour, il cumule plus de 70 000 miles parcourus, soit l’équivalent de 2,5 fois le tour de la Terre.