À l'approche de la rentrée scolaire, Saint-Laurent-du-Maroni, ville principale de l'Ouest guyanais, se prépare à accueillir des milliers d'élèves, avec la particularité d'abriter le plus grand nombre d'élèves d'écoles primaires en Guyane. Cette période charnière mobilise toute la communauté, en particulier les parents, les enseignants et les commerçants. Chaque acteur a ses propres défis à relever pour garantir une rentrée réussie.
Marie-Céline, mère d'une petite fille de 6 ans qui entre en CP, représente une partie des parents qui s'organisent à la dernière minute. Elle explique :
Je commence les préparatifs environ une semaine avant la rentrée. À Saint-Laurent, on trouve à peu près tout ce qu'il faut, et c'est l'occasion de choisir les fournitures avec ma fille.
Si elle reconnaît que les prix peuvent être un peu élevés, Marie-Céline préfère acheter sur place plutôt que de se rendre à Albina, la ville frontalière du Suriname, pour comparer les prix.
Cette habitude de faire des achats de l'autre côté de la frontière est en effet courante chez certains parents. Albina, à une dizaine de minutes de traversée sur le fleuve Maroni, propose souvent des fournitures scolaires à des prix plus bas. Cependant, ces produits sont parfois de qualité inférieure, nécessitant des remplacements fréquents. C’est ce qu’explique Lionel Convert, chef de la librairie Le Toucan :
Certains parents pensent faire des économies en achetant à Albina, mais un sac à dos acheté là-bas à 15 euros ne durera peut-être que trois mois. Ici, ils paieront un peu plus cher, mais la qualité est meilleure, et le produit tiendra toute l'année scolaire.
La librairie Le Toucan, pilier du commerce local, commence à se préparer pour la rentrée dès le mois de janvier. "On passe nos commandes de papeterie bien en avance, pour être sûrs d'avoir tout le nécessaire à temps", précise Lionel Convert. Cependant, l'approvisionnement en livres pose un défi particulier. "Les livres dépendent beaucoup des livraisons depuis la métropole. Malheureusement, ils ne sont pas prioritaires dans les transports aériens, ce qui entraîne des ruptures de stock à des moments critiques", explique-t-il. Ce problème est récurrent, particulièrement en septembre, lorsque les familles commencent à finaliser leurs achats.
En matière de fournitures spécifiques aux disciplines scolaires, Roger Guams, professeur de musique, souligne que les besoins dans sa matière sont relativement modestes. "Les élèves n'ont plus besoin de flûte, ce qui réduit la liste des achats. Cependant, je recommande un grand cahier de 96 pages, car le cahier de musique classique est souvent trop petit", dit-il. Pour lui, les difficultés d'approvisionnement sont moindres, et l'organisation se fait sans trop de stress.
Pour les parents d'élèves plus âgés, comme Barda Doudou, la rentrée présente un autre type de défi.
Au lycée, on doit attendre le jour de la rentrée pour recevoir les listes de fournitures des professeurs. Cela complique les préparatifs, car on ne peut pas anticiper comme pour les élèves du primaire
explique-t-elle. Cette différence dans l'organisation peut être source de frustration, notamment pour ceux qui préfèrent tout préparer bien à l'avance.
À Saint-Laurent-du-Maroni comme ailleurs, chacun doit s'adapter aux défis spécifiques. Malgré les difficultés d'approvisionnement de certains ouvrages, les différences de prix entre les deux côtés de la frontière et l'attente des listes de fournitures. La rentrée scolaire dans la capitale de l’ouest n'est pas seulement une simple reprise des cours ; elle reflète une organisation collective où chaque détail compte.