REPORTAGE. Les tours d’eau : un système qui montre ses limites

Bas-du-Fort : les limites des tours d'eau ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère
Le calendrier et les horaires des tours d’eau sont loin d’être respectés, en Guadeloupe. Nous en avons fait le constat auprès de résidents, parmi lesquels de nombreux étudiants, cette fois dans les secteurs de Bas-du-Fort, de la marina et du Morne Lacrosse (zone frontalière du Gosier, de Pointe-à-Pitre et des Abymes). Les coupures d’eau y sont quotidiennes et peuvent durer plusieurs jours. Sur place, c’est l’exaspération. Les abonnés n’admettent pas d’être soumis à un tel régime, en 2024.

On reparle, cette semaine, des problèmes d’alimentation en eau potable de foyers guadeloupéens. Cette fois, zoomons sur le secteur de Bas-du-Fort (Le Gosier) et ses alentours. Sur place, la colère et la lassitude des habitants augmentent de jour en jour. Les tours d’eau annoncés sont loin d’être respectés, selon eux ; ils débutent bien avant l’heure annoncée et s’achèvent bien après.

Nous sommes coupés tous les jours. Les horaires de tours d’eau, c’est totalement théorique ; on est coupé largement avant et largement après et il y a des jours entiers sans eau. Il y a des journées où on a 3 à 4 heures d’eau.

Habitant de la résidence Marisol, à Bas-du-Fort

Au final, quand l’eau coule à nouveau aux robinets, c’est par surprise et, parfois, ce n’est même pas pour longtemps.

Ne pas avoir d’eau, c’est devenu la chose la plus normale. C’est le fait d’avoir de l’eau qui est anormale ! On a inversé complètement les rôles : il n’y a plus souvent pas d’eau, que de l'eau !

Habitant de la résidence Marisol, à Bas-du-Fort

Difficile, dans de telles conditions, de renouveler les réserves, ou encore de faire les lessives, les vaisselles et le nettoyage en souffrance.
Pour les personnes concernées, le système D prime, notamment pour la toilette.
Pour boire et cuisiner, ils n’ont pas d’autre choix que d’acheter de l’eau en bouteille. Cette obligation impacte considérablement le maigre budget des nombreux étudiants logés dans le coin.

Il y a beaucoup d’étudiants qui sont ici en précarité. Quand il y a des coupures d’eau d’une semaine, ça nous coûte assez cher, environ 40 à 50€, que pour le budget eau.

Étudiant logé à la résidence de l’université, en haut du morne Lacrosse

Les appels répétés au Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe (SMGEAG) n’y changent rien. Les standardistes répondent, mais n’ont pas de réponse à apporter, regrettent les résidents condamnés à subir l’intolérable.
Ils vivent au rythme des tours d’eau : ceux annoncés... et les autres.

REPORTAGE/
Reporteur : Eric Stimpfling
Monteur : Karla Nérin
Mixeur : Sébastien Edouard