Le 10 mai 2001, le Parlement adoptait la loi qui reconnaît l’esclavage et la traite négrière comme crimes contre l’humanité, la loi Taubira. Une reconnaissance pour laquelle la France est le premier Etat et demeure le seul à ce jour. Dans son article 2, cette loi a intégré l’enseignement de l’esclavage et de la traite négrière aux programmes de 4ème et de Seconde.
Un peu de plus de 20 ans plus tard, comment est enseignée cette histoire dans les établissements scolaires ? Les élèves apprennent-ils réellement l’histoire de leur territoire ?
Des références historiques dans le quotidien des élèves
A La Réunion, certains professeurs veulent aller plus loin que ce qui est écrit dans les manuels scolaires. Les enseignants peuvent adapter les programmes d’Histoire à chaque territoire. Vincent Rivière, professeur d’Histoire-Géographie au lycée Moulin Joli à La Possession, utilise chaque anniversaire commémoratif pour inclure des séances sur la traite négrière et l’esclavage.
Dans l’environnement des élèves, il y a des références à leur passé historique et ils ne sont pas capables de faire le lien. Un exemple tout simple : il y avait un élève qui avait une médiathèque qui s’appelait la médiathèque Eva, il y est allé mais il ne savait pas que cette Eva-là était une esclave marron à La Réunion.
Vincent Rivière, professeur d’Histoire-Géographie au lycée Moulin Joli à La Possession
" On aimerait faire beaucoup plus, mais on suit quand même on suit quand même le cadre légal ", ajoute-t-il.
Sortir du cadre légal
Au lycée Moulin Joli à La Possession, Vincent Rivière dispense un cours dédié à l’esclavage à des élèves de Terminale générale, même si le thème n’est pas au programme de cette classe.
" Quelle place selon vous, on devrait donner à la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage ", interroge Vincent Rivière, le professeur d’Histoire-Géographie, qui souhaite marquer la journée du 10 mai.
Pas assez d’événements en mémoire des esclaves
Célia, Gabriel et Marie s’estiment chanceux d’approfondir certains passages de leur histoire. " On ne fait pas assez d’événement à la mémoire des esclaves. Il y a des personnes qui peut-être ne sont pas au courant ", estime la première.
Un enseignement qui a eu une résonnance particulière pour Gabriel : " c’est le professeur qui m’a donné envie de faire ma Licence d’Histoire, il est passionné aussi par la sujet ". Marie apprécie d’apprendre " plus dans le détail " cette histoire.
Créer des liens avec l’histoire du territoire
Le thème éveille la curiosité des jeunes, des bras se lèvent. Un élève évoque « le marronnage, le fait que les esclaves fuient les plantations en recherche d’une liberté », à une autre le professeur demande s’il est en capacité de " faire un lien entre l’augmentation d’esclaves et peut-être un besoin dans l’économie réunionnaise ".
Les élèves aimeraient que les chapitres du programme consacrés à l’esclavage soient davantage poussés et plus concernant en 4ème et en Seconde. " Cela reste vraiment vague et c’est surtout axé sur les Américains ", remarquent-ils.