Escroquerie aux crédits : un an ferme et 18 mois avec sursis contre le faussaire

Le tribunal de champ-Fleuri devait vivre au rythme du procès de la défiscalisation pendant dix jours. L'affaire reviendra à la barre dans un an.
Deux jours de procès, 39 prévenus et plus de 20 avocats pour des dizaines d’escroqueries dont les maisons de crédit ont été les cibles. Le parquet vient de demander un an de prison ferme contre André P., le maître d’oeuvre de cette affaire. 
" Regardez le nombre de voitures neuves qui circulent sur l’île de la Réunion ", Dominique Auter, procureur de la République, entame son réquisitoire en fustigeant les maisons de crédit et les consommateurs. " Nous sommes dans un département qui compte au bas mot, 25% de chômeurs et, paradoxe, nous sommes également dans le département où se vendent le plus de voitures neuves ", précise le représentant du parquet.

Un faussaire et des bénéficiaires
 
Cette escroquerie est surprenante vu le nombre de prévenus, 39. En revanche, les sommes obtenues frauduleusement s’élèvent seulement à 250 000 Euros, pourrait on s’étonner. Modeste, au regard du nombre de participants et des crédits ainsi obtenus.
Le scénario est toujours le même. Un ancien vendeur de voitures, monte des dossiers composés de faux documents (fausse fiche de paie, identité transformée par le rajout d’un prénom et bien sûr, falsification des relevés bancaires pour éliminer tout les crédits antérieurs).
Pour ce service rendu, les bénéficiaires devaient payer de 250 à 1000 Euros. Tout au long de la première journée d’audience, les avocats des parties civiles et de la défense se sont affrontés pour savoir si, tel accusé ou tel autre, savaient qu’ils obtenaient un crédit grâce aux faux documents créés par le saint-suzannois.
 
Des relaxes demandées
 
Au final, et après deux ans d’enquête de la brigade financière, tout ce petit monde se retrouve depuis deux jours dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Champ-Fleuri. Nombre des prévenus ont du mal à suivre les débats. Ils affirment ignorer tout des " magouilles "  et se disent même victimes selon l’accusation. Une innocence qui ne saute pas aux yeux de la partie civile qui estime cependant par la voix de Me Rémi Boniface : " Je compare ces personnes aux passagers clandestins. Le délit principal est imputable aux passeurs, mais les bénéficiaires savaient qu’ils n’avaient pas le droit aux crédits ".
Pour les vingt avocats en charge de la défense des complices : " il n’y a qu’un fautif : l’escroc, le faussaire. Sans lui, pas d’affaire et pas de crédit ". Ils rejoignent, également, en partie le ministère public. Reste à attendre le jugement dans ce dossier complexe.