Chikungunya : un insecticide toxique, interdit en Europe, va être utilisé en Guyane

Démoustification à La Réunion en 2005 pour tenter de freiner l'épidémie de chikungunya
La Guyane a obtenu une dérogation pour utiliser le malathion, un insecticide toxique, dans sa lutte contre le chikungunya. L'arrêté a été pris le 5 août par le gouvernement, à la demande du préfet d'un département où le virus, transmis par les piqures de moustique, a touché 1 528 personnes.
L'autorisation, valable pour une durée de 180 jours, est justifiée par la résistance du moustique à l'insecticide utilisé jusque-là. L'utilisation du malathion est encadrée par une série de précautions édictées par le Haut Conseil de la santé publique : le traitement s'effectuera par voie terrestre, l'insecticide ne sera pas répandu près des cours d'eau et des cultures), les agents qui seront chargés du traitement devront revêtir des tenues de protection et les populations devront être informées.
 
Un produit qui "tue tout"
 
Ces mesures ne suffisent pas à rassurer Christophe Duplais, un chimiste du CNRS interrogé par France Guyane. "Il s'agit d'une molécule qui va se dégrader en quelque chose d'encore plus nuisible. Ça tue tout", dénonce-t-il. Il confie sa crainte pour les jardins, les fruits, les légumes, les insectes comme les abeilles et les amphibiens.
 
Le chimiste redoute également que le produit ne soit pas utilisé de façon efficace et renforce au contraire la résistance de l'insecte. Il dénonce les méthodes du gouvernement : "Des gens prennent des décisions et choisissent d'utiliser un produit mortel et toxique sans consulter ni les scientifiques ni la population".