Pas d'efficacité prouvée, potentiellement dangereux... le préfet dit non à vigies-requins

Il n'y aura pas d'emplois d’avenir pour renforcer le dispositif vigies-requin. Le préfet a dit non hier en se basant sur une étude réalisée durant le premier semestre 2014.
Selon un communiqué de la préfecture, " L’expérimentation conduite à La Réunion ne permet pas de disposer d’éléments attestant de façon certaine de l’efficacité du dispositif : le caractère dissuasif de la présence des vigies n’est pas formellement établi".

De plus, toujours selon l'étude, le risque pour les vigies ne saurait être écarté. "Le recours aux emplois d’avenir ou aux contrats aidés ne peut venir en appui du dispositif des vigies requins" poursuit le communiqué.

Voici le communiqué de la préfecture:
"Expertise du rapport « Étude de l’efficacité du dispositif vigies-requin à La Réunion »

Le dispositif vigies-requin, mis en œuvre par des apnéistes à des fins de surveillance et d’alerte dans les zones de pratique d'activités nautiques, a donné lieu à une expérimentation conduite durant le premier semestre de l'année en cours par la ligue Réunionnaise de surf, en partenariat avec l'institut de recherche pour le développement.

Afin de disposer du meilleur éclairage sur ce dispositif novateur, l'expérimentation a fait l'objet d'une expertise du Muséum National d'Histoire Naturelle, dont les conclusions viennent d'être adressées à la Préfecture. Il ressort de cette expertise, immédiatement portée à la connaissance de la ligue réunionnaise de surf et des acteurs les plus directement concernés, les principaux éléments suivants :
  • il n'existe pas de référence établie au plan national ou international sur ce dispositif présentant  un caractère innovant ;
  • l'expérimentation conduite à La Réunion ne permet pas de disposer d'éléments attestant de façon certaine de l'efficacité du dispositif : le caractère dissuasif de la présence des vigies n’est pas formellement établi. De plus,  leur faculté à repousser des requins proches d’une zone de pratique d’activités nautiques n’a pas pu être évaluée en l’absence d’interaction durant l’expérimentation. La possibilité de fortes variations du niveau de surveillance selon les capacités individuelles de chaque vigie est par ailleurs soulignée ;
  • une exposition au risque pour les vigies elles-même ne saurait être écartée.
Au vu des données disponibles et des résultats obtenus, l'expertise souligne donc le caractère prématuré de la mise en œuvre opérationnelle du dispositif.

Dans ce contexte et compte tenu de l'état actuel des connaissances, le Préfet de La Réunion considère que le recours aux emplois d'avenir ou aux contrats aidés ne peut venir en appui du dispositif des vigies requins. Il rappelle parallèlement que la mobilisation de ces emplois demeure largement possible  pour d’autres démarches de sécurisation (pose de filets et autres dispositifs de protection) et d’autres méthodes de surveillance alternatives ne présentant pas de risque pour la sécurité des personnes (surveillance à terre et à bord de moyens nautiques, exercice de missions de prévention ou de soutien opérationnel...).Dans cet esprit, le rapport d’expertise pose la question d’une poursuite de l’expérimentation des vigies immergées pour disposer de garanties suffisantes en termes de sécurité. En tout état de cause, la mise en œuvre effective de solutions opérationnelles complémentaires se poursuit en lien avec l’ensemble des acteurs concernés.

Le préfet rappelle la volonté de l’État et des collectivités locales de poursuivre une démarche pérenne de réduction du risque requin à La Réunion, prenant appui sur des mesures opérationnelles bénéficiant du plus haut niveau de validation possible."

Une décision qui semble être en contradiction avec les déclarations du prefet Jean-Luc Marx faites en juillet 2014.

En images avec Michelle Ozoux Jean-Marc Seguin et Michelle Canaple
En interview :
  • Jean-Luc Marx, ancien préfet de La Réunion