Après la Fédération française de surf, la LRV se positionne dans la crise requins. Dans une lettre ouverte adressée à George Pau Langevin, Ministre des Outre-mer, le président de la Ligue Réunionnaise de Voile préconise une pêche préventive afin de réguler la population des requins dangereux.
Communiqué de la LRV :
Lettre ouverte à Madame la Ministre des Outre-Mer,
Madame la Ministre,
Ne pouvant, à l’instar de mes collègues, Présidents de Ligue, vous rencontrer, et tenant à vous communiquer mon avis, je choisis de le faire par voie de presse :
Je suis pour une régulation de la population de requins bouledogues et tigres à la Réunion.
Nous entendons tout et n’importe quoi sur la pêche des requins à la Réunion. La dernière intervention, celle de Sea
Shepherd, par son fondateur le capitaine Paul Watson me contraint également à sortir de ma réserve à ce sujet.
Les propos de Sea Shepherd, dans la forme et le fonds, sont ceux d’extrémistes qui décident d’agir sans prendre en
compte les réalités, par nature évolutives, des terrains.
La France cultive le principe de précaution, qui peut être un facteur important de dérégulation des systèmes et
biotopes. Les décisions prises d’interdiction de commercialisation des requins, pour cause de ciguatera, participe de ce principe de précaution, et a pour conséquence incontestable l’augmentation (mécanique) de la population des requins, et par là-même, un dérèglement du biotope (puisqu’aucune protection particulière n’est exercée sur les autres populations du biotope).
La pression des activités humaines, en particulier le (non) traitement de volumes conséquents d’eaux usées rejetées à la mer contribue à diminuer les ressources côtières, et est reconnu par bon nombre comme cause supplémentaire importante de la prolifération des requins…
Une prolifération incontestable !
La question à nous poser et, sur ce seul point je rejoins Sea Shepherd, est celle de la vie de nos enfants. Oui, nos enfants ont le droit de vivre. Oui, il nous appartient, à nous qui avons des responsabilités, de veiller à tout faire pour que nos enfants vivent.
Or, il est indéniable que la quantité de requins bouledogues et tigres est trop importante sur nos côtes, parce qu’ils ont de fait profité d’une législation les protégeant de facto (la commercialisation interdite, les pécheurs ne prélèvent pas).
Je ne suis pas pour des pêches punitives (ou vécues comme telle) qui, in fine, n’ont, à mon sens comme objectif, que de calmer les populations. Cette pratique développe une approche vengeresse et démontre jour après jour son inefficacité. Les attaques de requins bouledogues se soldent par des captures de requins tigres !!!
Je préfère des actions concrètes, réfléchies, en profondeur. Je préconise non pas l’extermination (vision de Sea
Shepherd) mais bien la régulation qui consiste à s’organiser pour qu’une réelle pression soit effectuée sur la population des requins dangereux afin qu’ils retrouvent une population normale qui leur permette de vivre (donc de continuer l’espèce et de participer à l’équilibre du biotope) tout en ne constituant plus un danger bien présent pour notre population sur une part bien trop importante de nos côtes.
La durée de la crise requin, les distances couvertes par les interdictions de baignades et d’interdiction de sports de
glisse, sont telles sur une si petite île, avec une population (autochtone et de touristes) si importante que les
interdictions sont bravées au péril des vies. C’est une réalité.
Sortir de la crise consiste d’une part à prendre une décision énergique pour que la pêche des requins puisse redevenir effective, et parallèlement faire un effort de structuration colossal pour que les populations puissent être accompagnées dans et sur l’eau en toute sécurité par des professionnels aguerris.
Il s’agit aussi que les activités qui n’ont connues aucune interdiction ou régulation particulières, par les différents arrêtés de Messieurs les Préfets (plongée, "rames", voile…) grâce au travail inlassable de la DJRSCS, puissent renforcer leur structuration pour que la population retrouve massivement une pleine confiance, facteur d’épanouissement et de développement économique.
Si reconnaître les acteurs de la Mer, en tout temps, est un premier pas qui nous parait indispensable, le second pas
consiste à notre avis, à agir en partenaires, respectueux et complémentaires.
Il y a urgence pour les décideurs à agir, sur les causes, et non sur les symptômes. Car, en ce qui concerne la mer,
l’inaction (comme l’action insuffisante) est, pour nos enfants : mortelle.
M. Dominique ALINCOURT, président de la Ligue Réunionnaise de Voile.