Consciente des enjeux liés à l’alcoolisation foetale, l’ARS Océan Indien (ARS OI) met en place un plan d’action régional de prévention et de prise en charge du Syndrome d’Alcoolisation Foetale (SAF) et des Troubles Causés par l’Alcoolisation Foetale (TCAF).
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Elaboré en concertation avec les acteurs de terrain, ce plan expérimental s’inscrit dans une durée de trois ans (2016-2018). Grâce à ce plan et forte de son expérience de plus de 20 ans dans la problématique de l’exposition prénatale à l’alcool, la Réunion a été retenue par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) en tant que région expérimentale. Ce 18 septembre, à l’occasion de la visite de Mme Danièle Jourdain-Menninger, Présidente de la MILDECA, dans l’île, le détail du plan lui a été présenté.
Alcool au féminin : une problématique insuffisamment connue
Selon les premiers résultats du Baromètre santé 2014 :
- La fréquence d’usage d’alcool à risque chronique concerne 2% des femmes à La Réunion (contre 4% en métropole)
- Ces femmes sont donc moins nombreuses à consommer de l’alcool qu’en métropole mais absorbent des quantités plus importantes (36 verres par semaine contre 26 en métropole)
- Une Réunionnaise sur 2 a consulté un gynécologue
- Peu de femmes sont prises en charge dans les structures de soins addictologiques.
Alcool et grossesse : un danger pour la santé de l’enfant à naître
Pendant la grossesse, la consommation d’alcool expose le bébé à des perturbations de son développement et ce, quelle que soit la quantité absorbée. A la naissance et plus tard, peuvent être constatés des malformations, des difficultés d’apprentissage, des troubles de l’attention et du comportement pouvant mener au décrochage scolaire et à des difficultés d’insertion sociale. Selon les données du registre des malformations congénitales de La Réunion, entre 4 à 11 enfants naissent chaque année en étant porteurs du SAF.
Par ailleurs, on estime à 140 le nombre annuel d’enfants porteurs de troubles causés par l’alcoolisation foetale à La Réunion (sur la base de l’incidence nationale de 1/1 000 naissances).
Mobilisation de l’ensemble des acteurs autour d’un plan d’action régional allant de la prévention à la recherche
Face aux besoins des publics les plus fragiles, l’ARS OI a impulsé une démarche concertée avec les acteurs du soin et de l’accompagnement. Fin 2014, les réseaux REPERE (périnatalité) et SAOME (addictions) ont été missionnés pour réfléchir à de meilleures modalités de prise en charge des femmes en difficulté avec l’alcool et des enfants et adultes porteurs de TCAF.
Suite à la remise de leur rapport en juin 2015, l’Agence a engagé une série de rencontres bilatérales avec les principaux acteurs du territoire, qui ont permis de confirmer que La Réunion dispose d’une palette de dispositifs existants riche et dense mais insuffisamment articulée, la prévention restant souvent en retrait.
Ce diagnostic partagé a conduit l’ARS OI à structurer un plan d’action régional autour de trois principes :
- La mobilisation des dispositifs existants, pour soutenir l’ensemble des acteurs et partenaires concernés (collectivités territoriales, organismes de protection sociale, établissements de santé, établissements et services médico-sociaux, professionnels de santé, personnel éducatif, services sociaux, associations …) ;
- La nécessaire mise en lien des acteurs, qui sont nombreux sur les champs ambulatoire, sanitaire, médico-social, social et éducatif ;
- Le développement de la prévention, y compris par les professionnels des champs de l’offre de soins et de l’accompagnement afin de pouvoir favoriser la prise de conscience des risques liés à l’alcoolisation et le repérage précoce des conduites à risque à chaque étape du parcours de santé.
La Réunion, région expérimentale sur la prise en charge du SAF et des TCAF
Le Plan Gouvernemental 2013-2017 de lutte contre les drogues et les conduites addictives prévoit l’expérimentation dans une ou deux régions d’un programme de prévention et de prise en charge des troubles liés à l’alcoolisation foetale. Au regard de son implication historique dans les actions de prévention et de prise en charge du Syndrome d’Alcoolisation Foetale (SAF) et des Troubles Causés par l’Alcoolisation Foetale (TCAF), l’ARS Océan Indien s’est portée candidate à cette expérimentation.
C’est ainsi que ce plan d’action a été présenté le 18 septembre 2015 à Mme Danièle Jourdain-Menninger, Présidente de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues Et les Conduites Addictives (MILDECA), qui a annoncé que la Réunion était retenue comme l’une des deux régions expérimentales.
Calendrier de mise en oeuvre
Dans les semaines à venir, la déclinaison opérationnelle du plan d’action fera l’objet d’échanges avec l’ensemble des acteurs concourant à sa mise en oeuvre.
D’ici fin 2015, l’Instance régionale de pilotage sera installée afin de permettre le démarrage du plan début 2016 et de poser les éléments nécessaires à l’évaluation externe prévue à l’issue des trois années de fonctionnement.
Les résultats de cette évaluation externe permettront d’apprécier la pertinence de la généralisation de l’expérimentation réunionnaise à l’échelle nationale.
Focus sur les 6 axes du plan d’action régional sur le SAF et les TCAF
Axe 1 : Agir sur le comportement par des actions d’information, de prévention et de sensibilisation de proximité- Développement d’actions de prévention à destination des jeunes et des adultes, en relais des campagnes d’information grand public sur les méfaits de l’alcoolisation prénatale
- Intégration, dans la formation initiale et continue des professionnels de santé et du médicosocial, d’un module visant à développer les connaissances sur l’alcoolisation foetale et la pratique du repérage précoce des situations de consommation chez les femmes en âge de procréer.
- Mise en oeuvre de plates-formes d’évaluation et de diagnostic du syndrome d’alcoolisation foetale et des troubles liés à l’alcoolisation foetale, quel que soit l’âge de recours.
- Mise en place, pour les femmes, d’une filière addictologique dédiée, pourvue notamment d’équipes mobiles pour aller à la rencontre de celles qui sont le plus éloignées du système de soins. Des programmes d’éducation thérapeutique spécifiques intégrant la présence de patientes expertes seront développés, y compris durant la période gestationnelle.
- Elaboration d’outils et de référentiels à destination des professionnels facilitant ainsi le travail de coordination,
- Centralisation des données d’observation et de surveillance pour favoriser le développement de la recherche,
- Poursuite des activités de coopération régionale et internationale.
- Installation d’une instance régionale de pilotage dès la fin 2015 pour mettre en oeuvre et suivre la déclinaison du plan.