Regain d'intensité du Piton de la fournaise depuis 3 jours

L'observatoire a enregistré ces derniers jours une activité équivalente à celle du début de l'éruption et une forte augmentation du rejet de dioxyde de souffre
Depuis le 12 octobre, l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise constate une très forte augmentation de l'intensité du tremor éruptif. Le volcan a retrouvé une activité comparable à celle des premières heures d'éruption le 24 août 2015. Cela fait désormais 53 jours. Ce jeudi matin, le piton de la Fournaise se trouve partiellement sous les nuages. Le sommet est dégagé mais le fond de l'enclos est dans le brouillard.

Le Piton de la fournaise rejette, chaque jour, depuis le 12 octobre près de 2000 tonnes de dioxyde de souffre (SO2). L'augmentation est certes significative mais loin des données d'éruptions précédentes. Le rejet de dioxyde de souffre, lors de l'éruption d'avril 2007, était à titre de comparaison de plus de 145 000 tonnes par jour.

Selon l'observatoire, le niveau d'activité a augmenté au cours des derniers jours. Le pic d'activité a été enregistré le 12 octobre et il se maintient. Le bulletin d'activité de ce 15 octobre 2015 précise que :

En parallèle les mesures de SO2 réalisées à l’aide des station DOAS de notre réseau enregistrent une forte augmentation : à titre d'exemple, le 2 octobre, nous enregistrions 205 T/J (tonne par jour) et,  le 12 octobre, 1990 T/J. Cela est également observé par le capteur OMI embarqué sur le satellite AURA. Ces données nous permettent de calculer qu’un panache de SO2 (d’une masse égale à 1138 T) était présent entre le sommet et 300 km à l’ouest de l’île le 13 octobre à 14 heure locale. Cette valeur est deux fois supérieure au maximum observé depuis le 24 août. (Pour information la différence entre les données DOAS et les données satellitaires est liée à la résolution des capteurs embarqués)

A l’aide des deux satellites MODIS (Terra et Aqua), l’Université de Turin nous informe que le débit de lave émis par l'éruption a atteint le 14 octobre 12 m3s-1 (+- 4 m3s-1). Ce qui est  cohérent avec les modèles appliqués aux données enregistrées par nos instruments. Ces derniers nous donnent des valeurs de 8.9 à 13.5 m3s-1 .

Seules les mesures de déformation montrent une tendance inverse c'est à dire une déflation tant en zone sommitale, qu'à la base de l’édifice ou même à l'extérieur de l'enclos.
 
Sur le site éruptif, de très nombreux écoulements de lave issus de petites bouches éphémères sont visibles. Ces bouches éphémères se mettent en place sur l’ensemble du champ de lave. Ces phénomènes sont particulièrement bien visibles au pied de Piton de Bert.
 
Un hornito (voir explication dans la suite du paragraphe) s’est constitué au sud-ouest du cône. Ce type de morphologie se forme à la suite d’une surpression importante appliquée par la lave sur le toit du tunnel depuis l’intérieur de celui-ci. Le processus est le même que celui qui met en place les bouches éphémères mais, dans ce cas,  la pression est plus importante et les écoulements qui s’en suivent également. Nous avons même pu constater durant la nuit du 13 au 14 octobre la présence de projections au niveau de cet hornito, témoignage d'une pression très importante.