La conjoncture économique est loin d'être favorable aux entreprises réunionnaises, et les défaillances se multiplient. Avec 58,3 % des sociétés ayant fait l'objet d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire en 2023, selon les chiffres de l'IEDOM, de nombreux chefs d'entreprise se retrouvent en difficulté.
Second souffle
Mais il existe des aides. Ainsi, la fédération 60 000 rebonds, dont une antenne locale vient de s'installer à La Réunion, se propose de soutenir ces petits patrons ayant dû mettre la clé sous la porte et qui sont en quête d'un second souffle.
C'est le cas de Mamy Rabenjamina, dont l'entreprise de pâtisserie a dû fermer il y a un an, mais qui a pu relancer une nouvelle activité avec le soutien de l'association.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Accepter et réagir
"J'ai eu une marraine qui m'a déjà aidé en amont à accepter la liquidation, à travailler dessus. C’est-à-dire qu'au lieu d'arriver au tribunal de commerce pour entendre la sentence, c'est moi qui suis venue et qui ai dit : je ne peux plus continuer. Et ça change tout, car j'étais actrice de ma liquidation en quelque sorte", explique la cheffe d'entreprise.
Ensuite, Mamy a eu accès à un coach avec qui elle a pu évoquer ses difficultés, et notamment l'impact psychologique de cet échec professionnel. "Mes sentiments, mes ressassements, ce qui me fatiguait, qui n'allait pas et me faisait peur", décrit Mamy.
Reconstruire la personne
L'accompagnement du coach peut se faire sur sept rencontres d'1h à 1h30, en l'espace de dix à 24 mois. "Le coach va redonner de la valeur, reconstruire la personne" explique Sylvio Boyer, référent local de 60 000 rebonds invité le jeudi 7 novembre de la Matinale de Réunion La 1ère.
"Le parrain, lui, va accompagner, recréer un agenda. Avant la liquidation, un chef d'entreprise a son agenda bien rempli. Après, il n'y a plus rien. Là, on recrée de l'activité, on comble ce vide."
Écoutez l'intervention de Sylvio Boyer, référent 60 000 rebonds, au micro de la Matinale de Réunion La 1ère :
"Reprendre confiance"
"L'idée, c'est qu'ils reprennent confiance, qu'ils reprennent de l'énergie et qu'ils comprennent qu'ils ne sont pas seuls" explique Hector Lagosse, l'un des parrains bénévoles de l'association, qui s'engage à suivre un filleul pendant deux ans. "Quand on est dans une situation comme celle-là, la tendance c'est de se renfermer sur soi-même. L'idée, c'est de les faire ressortir, de reprendre confiance."
Aujourd'hui, Mamy Rabenjamina a réussi à rebondir, avec son activité de "Pâtisseries éphémères", qui la met en relation avec plusieurs restaurants de l'île. Elle souhaite désormais partager son expérience.
"Il faut se faire aider par des gens compétents, bienveillants et qui apportent un autre regard."
Mamy Rabenjamina, cheffe d'entreprise.
"Quand on est tout seul après une liquidation ou en cas de redressement judiciaire, on rumine, on ressasse. En fait, il faut se faire aider par des gens compétents, bienveillants, des gens qui donnent une bouffée d'air et apportent un autre regard", conseille la pâtissière.
Plus de mille entrepreneurs en France ont déjà pu bénéficier de l'aide de cette communauté de bénévoles qui souhaite permettre à ces entrepreneurs de se reconstruire personnellement, et cherche à faire évoluer le regard sur l'échec entrepreneurial.