Audrey Clausse, la présidente de l'association Réunion Solidarité Migrants, crie au scandale après ce qui est arrivé très tôt, ce lundi 18 septembre, à l'aéroport Roland Garros.
Aux alentours de 6 heures du matin, sept migrants ont embarqué à bord d'un vol charter à destination de Colombo, la capitale sri-lankaise, mais l'un d'eux, Rusgan, n'aurait jamais dû faire partie de ce voyage retour, estime la responsable de l'association.
Reconduit à la frontière avant son référé-liberté
"Tôt ce matin, vers 4 heures du matin, j'ai été alertée sur le fait que la PAF était en train de réveiller et de procéder à l'éloignement des personnes se trouvant au Centre de rétention administratif du Chaudron", explique Audrey Clausse. "Mais parmi les sept personnes en rétention, il y en avait une qui avait une audience en référé-liberté, programmée ce lundi après-midi à 14 heures".
La présidente de Réunion Solidarité Migrants ne cache pas son indignation d'autant qu'elle assure que les services de la police aux frontières, la PAF, étaient parfaitement informés de la tenue de cette audience devant le tribunal administratif de Saint-Denis.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Une procédure d'éloignement "illégale", selon l'association
"La personne a présenté sa convocation ce matin mais on lui a quand même demandé de préparer ses affaires alors que la mesure de référé-liberté suspend justement toute mesure d'éloignement", argumente encore Audrey Clausse.
"C'était illégal de procéder à son éloignement. Nous demandons une injonction de retour pour cette personne afin que l'on puisse examiner sa situation. L'idéal serait qu'elle revienne avec les personnes qui l'ont escortée ce matin". Un voeux qui devrait rester pieux à moins d'un miracle juridico-administratif.
Une tentative ultime pour le "débarquer" de l'avion
"Nous nous sommes ensuite rendus dans les locaux de la PAF à l'aéroport pour essayer d'empêcher cet éloignement, poursuit-elle. Malheureusement, il nous a été opposé un refus alors que le vol n'avait pas encore décollé. Le charter était prévu ce matin à 6h15".
La mobilisation des avocats intervenant habituellement dans ce contexte n'a rien changé. "On nous a opposé le fait qu'un référé-liberté ne serait pas suspensif, alors que ce n'est pas le cas", défend Audrey Clausse.
Persécuté par la police de son pays
Aujourd'hui, les membres de l'association Réunion Solidarité Migrants redoutent le pire pour ce ressortissant prénommé Rusgan. "Les conséquences peuvent être tragiques. On ne sait pas ce qui l'attend au Sri Lanka. C'est une personne qui a elle-même subi des persécutions de la part de la police de son pays. C'est d'ailleurs la raison de son exil. Donc on est vraiment très inquiet pour lui".
Cet homme était d'ailleurs déjà psychologiquement fragile de par le contexte de son arrivée à La Réunion. "En début de semaine dernière, on a fait venir une psychologue spécialiste des psycho-traumas pour lui au CRA. Il est dans un état psychologique très compliqué", assure Audrey Clausse.
Le juge demande son retour
Réunion La 1ère a vainement tenté de joindre les services de police à la frontière par téléphone, ce lundi 18 septembre. L'audience du tribunal administratif a bien eu lieu dans la soirée. Le juge a demandé au préfet de faire revenir Rugsan à La Réunion avec une injonction de retour.