En France, la gratuité de l'enseignement est l'un des grands principes du sytème éducatif. Mais à Madagascar, l'accès à l'école publique est toujours payant. Les populations les plus pauvres peuvent ainsi parfois difficilement offrir à leurs enfants l'opportunité d'étudier.
Il existe néanmoins des établissements engagés dans la scolarisation des plus démunis. A l'instar de cette école associative baptisée "L'Île aux enfants" où les frais d'inscriptions sont 26 fois moins chers qu'ailleurs.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un rôle important en matière de santé publique
Dans cette modeste structure qui se trouve dans les bas quartiers d'Anosibe, l'un des endroits plus pauvres de Tananarive, la journée commence par l'hymne national malgache pour les jeunes élèves de l'école. Un cérémonial quasi-militaire pour les 310 élèves qu'accueille le modeste établissement.
Et chaque matin, ces enfants âgés de 4 à 18 ans observent également cet autre rituel : un à un, ils s'avancent pour le lavage des mains au-dessus d'une petite bassine, avant ensuite de se brosser les dents et d'enfiler leur uniforme. L'école joue ainsi un rôle important en matière de santé publique.
Un instit' au grand coeur venu de Mayotte
Ici, rien n'aurait été possible sans les dons privés et l'aide des ONG et de l’Ambassade de France. Mais "L'Île aux enfants" s'est surtout bâtie sur cette rencontre faite entre une famille malgache, par ailleurs propriétaire foncier, et un instituteur venu de Mayotte.
"Je suis arrivé il y a dix ans à Madagascar et j'avais vraiment la volonté d'aider ces enfants, de les sortir de cette misère, de ce marécage et de leur apporter un endroit sécurisé où ils peuvent être nourris, s'épanouir et avoir une vraie vie d'enfant", confie Eric Handrion, l'enseignant qui est aussi le président de l'école associative.
Des enfants parfois livrés à eux-mêmes
Et pour les autre enfants exclus du système scolaire, faute de moyens financiers, le quotidien est tout autre. Certains s'amusent au milieux des tas de déchets abandonnés sur la voie publique. Les autres assistent leurs familles.
"Quand les enfants ne vont pas à l'école, en général, ils transportent les bidons d'eau et ils aident leurs parents à faire la cuisine", explique un habitant d'Anosibe.
"S'ils ne vont pas à l'école, c'est avant tout parce que leurs parents n'ont pas les moyens ou alors qu'ils ne voient pas l'intérêt d'aller à l'école", poursuit notre interlocuteur. Dans les quartiers pauvres comme Anosibe, plus de 70% des enfants ne sont pas scolarisés.
8 enfants pauvres sur 10 n'ont pas accès à l'école
Reste qu'à Tananarive, il y a aussi des quartiers où ni la famille, ni l'argent, ne sont des obstacles à la scolarisation. Dans certaines écoles, les familles peuvent dépenser jusqu’à 200 000 ariary par mois, soit près d'une quarantaine d'euros, pour les études de leurs enfants. C'est bien plus que les 5 euros réclamés à l'inscription dans la plupart des écoles malgaches...
Dans la Grande île, le chemin qui mène à l'école n'est ainsi pas le même pour tous. Faute de moyens financiers et d'infrastructures, 8 enfants malgaches sur 10 parmi les plus pauvres n’ont pas accès à l’école primaire, affirme l’UNICEF.
Une véritable priorité à l'aube des présidentielles malgaches ?
Grâce à ses rapports annuels, l'organisme engagé dans La Défense des droits des enfants espère conseiller et surtout aider les politiques à trouver des solutions pour une équité mondiale dans l'éducation.
A deux mois des élections présidentielles, nombreux sont les candidats, comme le président sortant Andry Rajoelina, à affirmer haut et fort que la problématique figure parmi leurs priorités. Reste à espérer que celui qui accèdera au pouvoir fera effectivement tout son possible pour rendre l'école plus accessible.